• Un nouvel épisode de la guerre froide,

    et pas des moindres:

    un russe montre ce que devient le Coca Cola

    quand on le fait bouillir.

    Nasdrovié! 


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  • avril 2012

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    Vous avez entièrement raison, me dit-il.

    Je sais faire ces petites courbettes de remerciement modeste qui sont appréciées dans le cirque humain. Je fais cette petite courbette de la nuque. Si j'ai raison, c'est que j'apporte de l'eau au moulin de mon interlocuteur, dont les idées et l'horizon s'éclairent soudain.

    J'ai raison, il m'aime. Il met ma carte de visite virtuelle dans son portefeuille. Ce gars là me plaît, pense-t-il.

    J'ai par mes propos mis un peu d'ordre dans l'embrouillamini ambiant, et l'ordre plaît à tout le monde, tant qu'il n'est pas sclérosé.

    Cet ordre là lui plaît en particulier, il s'harmonise à sa tendance du moment. Un autre genre d'ordre aurait pu le contrarier. Il m'aurait alors considéré d'un air furibond, et m'aurait assassiné d'une phrase sèche ou purement et simplement assommé selon son niveau de polissage.

    Politesse ? Des fois j'm'embrouille. 

    J'ai raison, tu as tort. Forcément. S'il m'arrive de douter, et parfois de reconnaître que je n'ai pas raison sur un truc ou un autre, pas plus que quiconque, je ne crois spontanément que j'ai tort. J'ai plutôt tendance à croire que j'ai raison. 

    Croire systématiquement qu'on a tort n'est pas envisageable dans la durée. Vous remarquerez que tort, c'est tordu, et raison, c'est right, de la même famille que droit, rail, raide, rayon, roi, ou riche.

    Le riche a raison. Son truc fonctionne. Il est d'autant plus convaincu de son droit à imposer sa raison. Et de prendre possession du monde. A force d'avoir tort, les autres tordus finissent par le déranger du monde rangé où il rayonne. Il ne comprend pas à quoi servent les pauvres et les inadaptés. Depuis Darwin et un peu plus tard Hitler, Staline et Mao, il a un début d'explication, et des solutions. 

    Dans le monde duel, le bien est à droite et le mal à gauche. Sinistre. Maintenant qu'on cause verlan, depuis Mitterand au minimum, les choses s'inversent. Le bien devient le mal, et vice versa. Il est bien d'être à gauche, et pas d'être à droite. Quoique ça change régulièrement. Ce qui était bien hier n'est plus bien, et lycée de Versailles. Comme au tennis. Comme un éventail. C'est rafraichissant, mais ça ne mène pas loin.

    Quand on sera enfin sorti de la dualité, on cessera d'attribuer à l'un le mal, à l'autre le bien.

    Je refuse d'avoir raison.

    Considérons une montagne. Tout le monde - sauf les culs de jatte, ça va de soi - a un jour ou l'autre gravi une éminence (une montagne, pas un membre du clergé). Quant on se livre à ce genre de sport, parfois on arrive suant et hors d'haleine à un palier d'où soudain nous pète à la gueule un paysage splendide - sauf les aveugles, ça va de soi-, qu'on met du temps à  intégrer.

    Oh, c'est ma maison, là-bas ? Comme elle est petite !

    Et là, c'est machin, là c'est truc ? Comme c'est beau !

    C'est ça, la vérité, la raison. Tu lèves ton cul de ta chaise, tu grimpes la montagne, et soudain se découvrent des choses que tu n'avais jamais remarquées, quand tu avais le nez dessus. Pourquoi un tel veut tel champ, et pas un autre, parce que ci ou ça. C'était pas pour emmerder les voisins, mais parce que c'est la logique du paysage.

    Quand on monte, on devient un peu plus sage. Mais cette frêle raison cède à mesure qu'on monte. Plus on monte, et plus le cercle de l'horizon s'agrandit. Des fermes voisines, on passe aux royaumes limitrophes. On comprend qu'un tel fasse la guerre à l'autre qui lui refuse l'accès à l'eau, ou que l'autre, acculé aux montagnes se défende aussi âprement.

    Oui, mais ce n'est pas tout.

    Un jour que j'étais dans la montagne, pas bien haut, j'ai vu le voisin qui donnait une claque à son fils. Quelle brute, m'indigné-je !

    Redescendu, j'appris que c'était pour lui faire cracher un fruit toxique avalé par mégarde.


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  • Les media, et le cinéma en particulier inondent les foules impressionnables de spectacles monstrueux.

    Nos ancêtres entendaient lors de la messe obligatoire chanter les louanges de Dieu, ce mec lointain en lequel le taux de confiance devait être de l'ordre de celui du dénommé Hollande, tant il paraissait incapable de mettre de l'ordre dans le bordel contingent.

    D'ailleurs, il n'avait même pas pu assurer la sécurité de son fils unique descendu sur Terre, un certain Jésus-Christ, que ces salauds de juifs avaient cloué sur une croix.

    Les propagandistes de l'époque, cependant, ne cessaient d'assurer le peuple que c'était une ruse, et que Jésus, juste affaibli par une dose de kryptonite que l'affreux Judas lui avait collé dans le dos (Jésus étant symbolisé par Ikhtus, le poisson, c'est d'ailleurs l'origine du poisson d'avril), le dit Jésus était en train de rameuter les puissances célestes (rien à voir avec la fiancée de Babar) pour venir faire un peu de ménage dans ce bourbier.

    Depuis deux mille ans qu'ils nous chantent la même chanson, il y a de moins en moins de populo pour y prêter attention; mais ce n'est pas pour leur déplaire, vu qu'il y a très peu d'élus. C'est prévu.

    Ce qui plaisait surtout à nos ancêtres, c'étaient les saints. L'hagiographie, qui célèbre la vie fabuleuse et fabulée de personnages incroyables doués des pouvoirs les plus stupéfiants ressemble énormément à la vogue actuelle des super-héros, et autres X-Men.

    Les vierges y sont froides mais hypersexy, le bien y est sur-armé, pas toujours exempt de la tentation de faire le mal, et le mal est très nettement décrit comme le fait de ne pas vouloir partager.

    Le mal, c'est l'égoïsme. Version XXXL, de préférence, bien noir, bien cruel, bien juteux, bien saignant, avec ses hordes déferlantes et ininterrompues de sbires et autres hollansquenets.

    En face, les super-héros ont beau subir toutes les avanies, ils reviennent, increvables. Le dénommé Saint Laurent, par exemple, mis au gril pour abjurer sa foi, releva la tête et dit au bourreau : "Tourne-moi de l'autre côté, celui-ci est cuit".

    C'est du moins ce qu'en dit Jacques de Voragine, scénariste fécond et imaginatif.

    Des centaines de saints, de saintes, dont certains ont des pouvoirs vraiment indispensables, comme saint Antoine (de Padoue), qui aide à retrouver ce qu'on a perdu (sauf peut-être la virginité), saint Grelichon, qui rend les femmes fécondes quand elles se frottent le bas-ventre sur son sexe de pierre ou de bois, et tant d'autres.

    Peu de différence, donc, entre les deux époques, de ce point de vue.

    Mais la nôtre affectionne les horreurs. Les romans noirs, fantastiques, dont l'origine remonte aux romans gothiques du XVIIIème siècle, les délires pornographiques éclos des écrits du marquis de Sade, les films et maintenant les jeux video exaltent sans cesse la violence, le meurtre sous toutes ses formes, et de préférence les plus cruelles, prenant peut-être ainsi le relai des jeux du Cirque romain.

    Il y a eu une césure entre la Rome pré-chrétienne et notre temps.

    Une époque où les églises servaient de refuge inviolable, où les rois, les nobles et les évêques, malgré leurs turpitudes faisaient trêve certains jours, et bâtissaient des hospices, des hôpitaux, des Maison-Dieu, des léproseries. 

    Par les naïfs récits de la vie des saints, certaines âmes sensibles pouvaient tenter de parvenir à un niveau supérieur d'être, plus doux, plus lumineux, plus apaisé.

    Les gens, les jeunes gens, les enfants d'aujourd'hui n'ont rien d'autre à voir que le spectacle de la barbarie ordinaire, de la cruauté et de l'égoïsme portés au pinacle, exacerbés, magnifiés, parés de toute la gloire du monde.

    Le droit d'asile est si loin qu'on bombarde les hôpitaux, qu'on tire sur les ambulances. La sauvagerie est telle qu'en Lybie récemment, des récits ont rapporté que certains combattants de "dieu" écrivaient sur le sol le nom d'Allah avec les seins coupés des femmes qu'ils venaient de violer.

    Je sors vomir, et je reviens.

    N'oubliez pas que deux des personnes publiques qui ont permis l'accomplissement ces hauts faits sont MM. Sarkozy et Bernard Henri Lévy, et que ces gens se pavanent encore, donnant des leçons d'humanité à qui veut bien encore les entendre. 

    Cette horreur permanente, on peut la vivre mal, très mal, en devenir fou, avoir envie de tuer, ou de mourir.

    On peut aussi espérer que l'accumulation de ces crimes incroyables finira par épuiser ses charmes vénéneux, et que l'humanité enfin dégoûtée de la vilenie dont elle est capable cherchera enfin le chemin de son accomplissement.

     


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  • A  L. L. dont l'incinération du corps a lieu aujourd'hui.

    L'existence est peu de chose, bonnes gens,

    ça se sait depuis longtemps: un souffle, une buée.

    Et ce n'est pas triste.

    C'est.

     


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    Ç’avait été presque trop facile, songeait Fred en avançant dans la pénombre.

    Il n’était plus maintenant qu’à quelques mètres du magot. Quatorze lingots que Joseph et lui avaient élégamment retirés du coffre d’une belle villa des Hauts de Seine voici presque cinq ans, juste avant que les flics arrivent, et qu’il se fasse pincer.

    Joseph avait réussi à filer, emportant ce précieux fardeau.

    Depuis, bien sûr, il avait été libéré. Joseph ? Envolé. Fumier.

    Plus d’un an qu’il le pistait, jusqu’au jour où il l’avait enfin retrouvé.

    Dans quel état ! Flingué par le poison qu’il s’injectait dans les veines. Il s’apprêtait à lui mettre la main dessus, quand il s’aperçut qu’un autre gars tournait autour.

    Il fit un retrait prudent et une petite recherche : un ancien flic reconverti en enquêteur pour la compagnie d’assurances. Mieux valait faire gaffe.

    Deux jours plus tard, alors qu’il se demandait comment régler le problème, Joseph fit une surdose qui l’emmena aux urgences illico.

    De la fenêtre de l’hôtel où il se planquait, il vit l’ambulance arriver et repartir.

    Le flic n’était pas dans les parages. Il se rendit en hâte à l’hôpital et demanda à voir le gros, ou ce qu’il en restait.

    • Vous êtes de la famille ?
    • Je suis son frère.
    • Vous avez vos papiers ?

    Même ici, il y a des flics, songea-t-il amèrement. Et des caméras, vit-il du coin de l’œil. 

    • Mes papiers ! Merde, fit-il, faisant semblant d’y fouiller en vain. Madame, c’est urgent, je les ai oubliés, il faut absolument que je le voie, s’il vous plaît…

    Il lui glissa dans la main une poignée de billets. 

    • Allez-y, dit l’autre, revêche. Mais faites vite.

    Joseph était vraiment dans un sale état. Entre deux périodes de coma, livide, il s’agitait, geignait et bavait. Les infirmiers passaient dans le couloir où étaient stockés les lits de ceux qui attendaient qu’on se souvienne de leur misère. 

    • Joseph, Joseph, c’est moi, Fred ! Joseph ! 

    Il secouait la carcasse de l’ancien gros.

    • Réveille-toi deux minutes, merde. Tu vas pas crever comme ça, merde. Remue-toi, ouvre tes esgourdes. Joseph, c’est Fred !  
    • ... Red ?
    • Joseph, c’est Fred. Joseph, t’es foutu, tu vas crever. Les lingots, tu les as toujours ?
    • Red ?
    • Oui, c’est moi, c’est Fred. Dis-moi, le pognon, tu l’as encore ? Tu l’as planqué ?

    La vieille carcasse pourrie revenait à la vie, par bribes. Mot à mot, il lui arracha tout. L’hôtel, le vieil hôtel fermé, condamné, promis à la démolition. Escalier C. Grenier. Placard, près de la cheminée.

    • Merci, mon salaud. Tu peux crever, maintenant, fit-il, on se reverra en enfer !

    L’hôtel était enclos par une forte grille. A l’entrée, des panneaux interdisant l’accès au chantier. Il escalada l’obstacle et se trouva devant la porte cadenassée à fond et les fenêtres clouées de planches. Un quart d’heure plus tard, il était dans les lieux, et s’engagea dans l’escalier. Sa montre indiquait trois heures, et la Lune émergeait à peine des nuages. Une lumière sale filtrait par les fenêtres de toit. A la lumière de son portable, il distingua la forme de la cheminée et s’en approcha. Sous son pied gauche, une latte cria et son pied s’enfonça un peu. Il avança un peu plus vite.

    C’est pourri, là-dedans, songea-t-il. Comme le monde. Tout est pourri, ici-bas. Des mecs qui se goinfrent quatorze lingots dans leur petit coffre, alors que les voisins d’à côté ont même pas de quoi bouffer. Le gros qui se carapate sans plus jamais donner de ses nouvelles et tombe dans la défonce. La gonzesse à l’hosto qui se prend un pourboire, mine de rien. Pourri, pourri.

    Décidément, tout est pourri.

    Il eut un rire de joie en découvrant la cache. Le gros n’avait pas menti. Sûrement crevé à l’heure qu’il est. Merci quand même, mon salaud. A moi le flouze !

    Il lesta son petit sac à dos et sa banane des douze minces rectangles qui restaient. L’en avait croqué deux, le gros. Peut-être ce qui avait mis ce flic sur ses traces ?

    Douze jolis kilos d’or, ce n’est pas rien, quand même, sourit-il avant de faire demi-tour vers le rectangle grisâtre de la porte du grenier.

    Douze kilos d’or, ce n’est pas rien, non.

    Surtout quand on pose, dans l’obscurité, le pied droit à l’endroit exact où une gouttière déverse depuis huit mois toute la pluie du monde, depuis le dernier coup de vent qui a emporté un rang de tuiles du vieil hôtel, et que ce déluge a détrempé successivement, sur sa chute verticale, toutes les vieilles poutres de la construction. 

       


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  • J'ai cherché une video de "Monsieur Lee",

    mais ça n'existe pas.

    J'ai donc passé cette chanson que j'aime aussi.

    Le quart de la population de Brooklyn est juive

    souvent issue de Russie ou d'Europe de l'Est.

    Mort Shuman était un mec en or.

    Sur ce petit film, on voit un gars faire des cabrioles avec un transistor :

    c'est le surnommé Disco Freddy,

    un allumé local. 


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  • Un conte d'Andersen :  

    Vous savez qu'en Chine l'empereur est un Chinois et tous ceux qui l'entourent sont Chinois. Il y a de longues années - et justement parce qu'il y a longtemps - je veux vous conter cette histoire, avant qu'on ne l'oublie.

    Le palais de l'empereur était le plus beau du monde, entièrement construit en fine porcelaine - il fallait même faire bien attention ... Dans le jardin poussaient des fleurs merveilleuses, aux plus belles d'entre elles on accrochait une clochette d'argent qui tintait à la moindre brise afin qu'on ne puisse passer devant elles sans les admirer. Oui, tout était étudié dans le jardin du roi et il était si vaste que le jardinier lui-même n'en connaissait pas la fin. Si l'on marchait très, très longtemps, on arrivait à une forêt avec des arbres superbes et des lacs profonds. Cette forêt descendait jusqu'à la mer bleue, les grands navires pouvaient s'avancer jusque sous les arbres et dans leurs branches vivait un rossignol dont le chant merveilleux charmait jusqu'au plus pauvre des pêcheurs. Quoiqu'ils eussent bien d'autres soucis, ils restaient silencieux à l'écouter et lorsque, la nuit, dans leur barque, ils relevaient leurs filets, ils s'écriaient : " Dieu que c'est beau !"; ensuite, ils devaient s'occuper de leurs affaires et ils n'y pensaient plus. Mais la nuit suivante, tandis que l'oiseau chantait et que les pêcheurs étaient à nouveau dehors, ils disaient encore : " Dieu que c'est beau !" De tous les pays du monde, les voyageurs venaient admirer la ville de l'empereur, le château, le jardin, mais quand on les menait entendre le rossignol, tous s'écriaien t: "Ça, c'est encore ce qu'il y a de mieux !" Les voyageurs, rentrés chez eux, en parlaient et les érudits écrivaient des livres sur la ville, le château et le jardin, sans oublier le rossignol qu'ils mettaient au-dessus de tout. Ceux qui savaient faire des vers composaient des poèmes exquis sur le rossignol, dans la forêt, près de la mer profonde. Ces livres faisaient le tour du monde et quelques-uns arrivèrent un jour jusque chez l'empereur de Chine. Assis sur son trône doré, il les lisait et les relisait et, de la tête, il approuvait les descriptions prestigieuses de la ville, du château, du jardin. " Mais le rossignol est tout de même ce qu'il y a de mieux", lisait-il. - Qu'est-ce que c'est que ça ? dit l'empereur, le rossignol ! je ne le connais même pas ! Y a t-il un oiseau pareil dans mon empire ? Et, par-dessus le marché, dans mon jardin ! Je n'en ai jamais entendu parler, et il faut que j'apprenne ça dans un livre ! Il fit venir son chancelier d'honneur, un homme si distingué que si quelqu'un d'un rang inférieur à lui-même osait lui parler ou lui poser une question, il répondait seulement : " P.p.p." ce qui ne veut rien dire du tout. - Il paraît qu'il y a ici un oiseau extraordinaire qui s'appelle rossignol, lui dit l'empereur, on prétend que c'est ce qu'il y a de mieux dans mon empire ! Pourquoi ne m'en a-t-on jamais rien dit ? - Je n'en ai jamais entendu parler, répondit le chancelier, il n'a jamais été présenté à la cour ! - Je veux qu'il vienne ici, ce soir, et chante pour moi. Toute la terre est au courant de ce que je possède, et moi non ! - Je ne sais rien de lui, dit le chancelier, mais je le chercherai, je le trouverai.

    Mais où le trouver ? Le chancelier courut en haut et en bas des escaliers, à travers les salons, le long des couloirs, personne parmi ceux qu'il rencontrait n'avait entendu parler du rossignol. Alors il retourna auprès de l'empereur et suggéra qu'il s'agissait dans doute d'une fable inventée par les écrivains. - Votre Majesté ne doit pas y croire, ce ne sont que des inventions, ce qu'on appelle la magie noire!

    - Mais le livre où je l'ai lu m'a été envoyé par le puissant empereur du Japon, ça ne peut donc pas être faux. Je veux entendre le rossignol, il faut qu'il soit ici ce soir, je lui accorderai mes plus grandes faveurs ! Et, s'il ne vient pas, toute la cour sera bâtonnée sur le ventre après le repas du soir ! - Tsing-Pe ! fit le chancelier, et il courut de nouveau en haut et en bas des escaliers, à travers les salons et le long des couloirs. La moitié de la cour le suivait, car ils préféraient évidemment ne pas être bâtonnés sur le ventre. Ils s'enquéraient tous du merveilleux rossignol, connu du monde entier, mais de personne à la cour. Enfin, ils trouvèrent dans la cuisine une petite fille pauvre : - Oh ! Dieu, dit-elle, le rossignol, je le connais, il chante si bien ! J'ai la permission d'apporter chaque soir à ma mère malade quelques restes de la table. Elle habite au bord de la mer, et quand je reviens, je suis fatiguée, je me repose dans la forêt et j'écoute le rossignol. Les larmes me viennent aux yeux, c'est doux comme un baiser de ma mère. - Petite fille de cuisine, dit le chancelier, tu auras un engagement et le droit de regarder l'empereur manger, si tu nous conduis auprès du rossignol, car il est convoqué pour ce soir. Alors, ils partirent vers la forêt où le rossignol avait l'habitude de chanter. La moitié de la cour était de la partie. Sur la route, une vache se mit à meugler. - Oh ! dit un des gentilshommes, nous le tenons cette fois. Quelle force extraordinaire dans une si petite bête. Je suis certain de l'avoir déjà entendu. - Non, ce sont seulement les vaches qui meuglent ! dit la petite, nous sommes encore loin ! Les grenouilles coassaient dans le marais. - Ravissant, dit le chapelain chinois du palais, maintenant, je l'entends, on dirait des petites cloches d'église. - Non, ce sont seulement les crapauds, dit la petite fille, mais je crois que nous allons l'entendre bientôt. Soudain, le rossignol se mit à chanter. - C'est lui, écoutez, écoutez ... et voilà, dit la fillette, en montrant du doigt un petit oiseau gris dans le feuillage. - Pas possible ? dit le chancelier. Je ne me le serais jamais représenté ainsi. Comme il a l'air ordinaire, il a dû perdre ses couleurs de frayeur en voyant tant de hautes personnalités chez lui ! - Petit rossignol ! cria très fort la petite fille, notre gracieux empereur voudrait que tu chantes pour lui. - Avec le plus grand plaisir, répondit le rossignol. Et il chanta, c'en était un délice. - C'est comme des clochettes de verre, dit le chancelier. Regardez-moi ce petit gosier, comme il travaille ! c'est extraordinaire que nous ne l'ayons jamais entendu, il aura un grand succès à la cour. - Dois-je chanter encore une fois pour mon empereur ? demandait le rossignol qui croyait que l'empereur était présent. - Mon excellent petit rossignol, lui dit le chancelier, j'ai le grand plaisir de vous inviter pour ce soir à une fête à la cour où vous charmerez Sa Majesté Impériale par votre chant. - Il fait bien meilleur effet dans la verdure, dit le rossignol. Mais il les suivit de bonne grâce puisque c'était le désir de l'empereur. On fit de grands préparatifs au château. Les murs et les parquets de porcelaine étincelaient à la lumière de plusieurs milliers de lampes d'or, les plus belles fleurs garnissaient les couloirs, on galopait au milieu des courants d'air et, tout d'un coup, les pendules se mirent à sonner, on ne s'entendait plus. Au milieu de la grande salle où était assis l'empereur, on avait installé un perchoir d'or sur lequel le rossignol devait se tenir. Toute la cour était présente et la petite fille avait eu la permission de rester derrière la porte car elle avait reçu le titre de vraie cuisinière. Tous portaient leurs habits de cérémonie et ils regardaient le petit oiseau gris auquel l'empereur souriait. Le rossignol chanta si merveilleusement que l'empereur en eut les larmes aux yeux, les pleurs coulaient même le long de ses joues. Alors, l'oiseau se surpassa, son chant allait droit au coeur. Le roi en était ravi, il voulait que le rossignol reçût la grande décoration de la pantoufle d'or pour la porter autour de son cou. Le petit oiseau remercia poliment, mais se trouvait déjà assez récompensé : - J'ai vu des larmes dans les yeux de mon empereur, c'est mon plus riche trésor, dit-il. Les larmes d'un empereur ont un inestimable pouvoir .. . Et il chanta encore une fois de sa douce voix. - C'est la plus charmante coquetterie que je connaisse ! disaient les dames, et elles prenaient de l'eau dans la bouche afin de faire des glouglous si quelqu'un leur parlait, elles croyaient ainsi être un peu rossignol. Même les laquais et les femmes de chambre déclarèrent qu'ils étaient contents, et ils sont bien les plus difficiles à satisfaire. Ah ! oui, le rossignol avait du succès ! Dorénavant, il resta à la cour, dans sa cage, avec permission de sortir deux fois le jour et une fois la nuit, mais douze domestiques devaient tenir chacun un fil de soie attaché à sa patte, et il n'y a aucun plaisir à se promener dans ces conditions. Toute la ville parlait de l'oiseau miraculeux. Quand deux personnes se rencontraient, l'une disait " ross" ... et l'autre " gnol" ... elles soupiraient et elles s'étaient comprises. Onze enfants de charcutiers portèrent même le nom de Rossignol, quoiqu'ils n'eussent point le plus petit filet de voix. Un jour, arriva à la cour un grand paquet sur lequel était écrit " rossignol". - Voilà un nouveau livre sur notre célèbre oiseau, pensa l'empereur; mais ce n'était pas un livre, c'était une petite oeuvre d'art : dans une boîte il y avait un rossignol mécanique qui aurait pu ressembler à l'autre, mais qui était incrusté sur tout le corps de diamants, de rubis et de saphirs. Dès que l'on remontait l'automate, il chantait comme l'oiseau véritable, sa queue battait la mesure et étincelait d'or et d'argent. Autour de son cou, il portait un petit ruban, sur lequel était écrit : " Le rossignol de l'empereur du Japon est peu de chose à côté de celui de l'empereur de Chine." - Charmant ! s'écrièrent-ils tous. Et celui qui avait apporté cet oiseau reçut aussitôt le titre de Grand livreur impérial de rossignols. Alors, on voulut faire chanter les deux oiseaux ensemble, mais ça n'allait pas très bien, le véritable rossignol roucoulait à sa façon et l'autre chantait des valses. - Ce n'est nullement de sa faute, affirmait le maître de musique, il a beaucoup de rythme et il est tout à fait de mon école. L'automate chanta donc seul. Il connut la gloire, d'autant plus qu'il était bien plus joli à regarder, il étincelait comme un bracelet ou une broche.

    Trente-trois fois il chanta le même air sans être fatigué - les gens l'auraient bien écouté encore, mais l'empereur estima que c'était à présent au tour du véritable rossignol. Où était-il donc passé ? Personne n'avait remarqué qu'il s'était envolé par la fenêtre ouverte, bien loin, vers sa verte forêt. - Qu'est-ce que c'est que ça ? dit l'empereur, et tous les courtisans unanimes blâmèrent le rossignol et le jugèrent extrêmement ingrat. " Le plus bel oiseau nous reste», pensait chacun ... et l'automate chanta encore. A la trente-quatrième fois, les courtisans ne savaient pas encore tout à fait l'air par coeur, car il était très difficile. Cependant, le maître de musique vantait l'automate, affirmant qu'il était bien supérieur au véritable oiseau, non seulement par sa robe et les merveilleux diamants, mais aussi par sa mécanique intérieure. - Voyez-vous, messeigneurs, et en tout premier lieu notre grand empereur, avec le vrai rossignol on ne sait jamais d'avance ce qui va venir, tandis qu'avec l'autre tout est prévu. C'est comme ça et pas autrement. On peut expliquer comment il est fait, l'ouvrir, montrer la conception du fabricant, où sont les valses, comment elles se déroulent et comment l'une suit l'autre. " C'est tout à fait ce que je pense", disait chacun des courtisans. Le maître de musique eut même la permission de montrer l'oiseau le dimanche suivant, au peuple, car l'empereur désirait que tous l'entendent. Le peuple l'entendit. Il y trouva autant de plaisir qu'à s'enivrer de thé - ce qui est très chinois -, il approuvait de la tête en levant en l'air le doigt qui s'appelle " licheur de pot". Cependant, les pauvres pêcheurs qui avaient l'habitude d'entendre leur petit oiseau de la forêt disaient : "C'est joli, ça ressemble ... mais il y manque je ne sais quoi !" Le vrai rossignol fut banni du pays et de l'empire. Maintenant, l'oiseau mécanique trônait sur un coussin près du lit impérial ; tous les cadeaux qu'il avait reçus, or et pierreries étaient rangés tout autour de lui, et il avait le titre de "Grand Chanteur de la table de nuit impériale n°1, du côté gauche", car l'empereur considérait le côté gauche comme le plus important, le coeur étant à gauche, même chez un empereur. Le maître de musique écrivit vingt-cinq volumes sur l'oiseau mécanique, si érudits et si longs, en employant les mots chinois les plus terriblement difficiles et les gens affirmaient les avoir lus et les avoir compris, autrement ils seraient passés pour stupides et auraient reçu la bastonnade sur le ventre. Un an passa. L'empereur, la cour et tous les Chinois savaient par coeur chaque son sorti de la gorge du petit animal, mais ils n'en étaient que plus satisfaits, ils pouvaient chanter avec lui. Les gamins sifflaient : zizizi, kluklukkluk ! et l'empereur aussi. C'était vraiment charmant. Mais un soir... l'automate chantait, l'empereur était couché dans son lit et l'écoutait. Tout à coup, à l'intérieur de l'oiseau, il se fit un " couac", quelque chose sauta " brrr", toutes les roues tournèrent un instant... et la musique s'arrêta ! L'empereur sauta du lit, fit appeler son médecin, mais qu'y pouvait-il ? Alors, on fit venir l'horloger et, après bien des paroles et des examens sans fin, il réussit à réparer tant bien que mal la mécanique, mais il prévint qu'il fallait beaucoup la ménager car les pivots étaient très usés et il n'était pas capable de les remplacer. Quelle déception! L'oiseau mécanique ne chanta plus qu'une fois par an et encore ... Mais le maître de musique fit un petit discours plein de mots très difficiles pour expliquer que c'était aussi bien ainsi... alors c'était aussi bien ainsi. Cinq ans passèrent et tout le pays eut un grand chagrin - au fond, chacun aimait l'empereur - et maintenant il était très malade, au point de ne pas survivre, disait-on. Un nouvel empereur était déjà élu que les gens descendaient encore dans la rue pour demander au chancelier comment allait leur cher empereur. - P.p.p., faisait-il en hochant la tête. Blême et glacé, l'empereur gisait dans son grand lit magnifique et toute la cour, le croyant mort, s'empressait de saluer son successeur. Les serviteurs couraient au-dehors commenter l'événement; les femmes de chambre donnaient une réception et offraient le café. Dans les salons et les couloirs, des tapis amortissaient le bruit des pas ; partout régnait le silence ... le silence. Cependant, l'empereur n'était pas encore mort ; immobile, pâle, il était couché dans son lit aux grands rideaux de velours, aux lourds glands d'or. Tout en haut, une fenêtre était ouverte et la lune éclairait le malade et l'oiseau mécanique. Le pauvre monarque ne pouvait presque plus respirer, il lui semblait avoir un poids énorme sur la poitrine ; il ouvrit les yeux et vit que c'était la Mort qui était assise, là. Elle avait mis sa grande couronne d'or et tenait d'une main son sabre d'or, de l'autre son splendide drapeau. Tout autour d'elle, dans les plis des grands rideaux de velours, des têtes étranges perçaient : les unes hideuses, les autres gracieuses et aimables. C'étaient les mauvaises et les bonnes actions de l'empereur qui le regardaient maintenant que la Mort était assise sur son coeur. - Te souviens-tu de cela ? murmuraient-elles. Te souviens-tu de ceci, encore ? Et elles lui racontaient tant de choses que la sueur lui perlait sur le front. - Je n'ai jamais rien su de tout cela, cria l'empereur. Musique ! Musique, secouez le grand chapeau chinois, que je n'entende plus ce qu'elles disent ! Mais elles continuaient et la Mort hochait la tête comme un Chinois. - Musique, musique ! cria encore l'empereur. Petit oiseau précieux, chante ! chante ! Je t'ai donné de l'or et des bijoux, et j'ai moi-même passé à ton cou ma pantoufle d'or, chante ! chante Mais l'oiseau restait silencieux, personne n'était là pour le remonter et donc il ne pouvait chanter. La Mort regardait le moribond de ses grandes prunelles vides et tout était silencieux, si effroyablement silencieux. Alors, s'éleva soudain près de la fenêtre un chant doux et délicieux, c'était le petit rossignol vivant, assis dans la verdure, au-dehors. Il avait entendu parler de la détresse de son empereur et il venait lui chanter consolation et espoir. Tandis que son gazouillis s'élevait, les sinistres apparitions s'estompaient, le sang circulait de plus en plus vite dans les membres affaiblis du mourant et la Mort, elle- même, écoutait et disait : "Continue, petit rossignol, continue!" - Oui, mais donne-moi ce beau sabre d'or, donne-moi ce riche drapeau, donne-moi la couronne de l'empereur. Et la Mort donna chaque joyau pour un chant. Alors, le rossignol continua de chanter. Il chanta le cimetière paisible où poussent les roses blanches, où le sureau embaume, où l'herbe fraîche est arrosée par les larmes des survivants. La Mort eut la nostalgie de son jardin et se dissipa comme un froid brouillard blanc par la fenêtre. - Merci, merci, dit l'empereur, petit oiseau du ciel, je te reconnais. Je t'ai chassé de mon pays, de mon empire et, cependant, tu as repoussé de mon lit mes péchés et la Mort de mon coeur ! Comment te récompenser ? - Tu m'as déjà récompensé, dit l'oiseau. J'ai vu des larmes dans tes yeux la première fois que j'ai chanté pour toi, et ça je ne l'oublierai jamais. Elles sont le vrai bijou pour le coeur d'un chanteur. Mais dors maintenant, pour redevenir sain et fort ! Je vais chanter pour toi. Et il chanta, et l'empereur s'endormit d'un bon sommeil réparateur. Le soleil brillait dans sa chambre, lorsqu'il s'éveilla, guéri. Aucun de ses serviteurs n'était auprès de lui, mais le rossignol chantait encore. - Reste toujours auprès de moi ! dit l'empereur. Tu ne chanteras que lorsque tu en auras envie et je briserai l'oiseau mécanique en mille morceaux. - Non, dit le rossignol, il a fait tout ce qu'il pouvait. Garde-le toujours. Je ne peux pas, moi, bâtir mon nid et vivre dans le château, mais permets-moi de venir quand cela te plaira. Le soir, je serai là sur une branche et je chanterai pour toi afin que tu sois joyeux et pensif à la fois. Je chanterai ceux qui sont heureux et ceux qui souffrent, le bien et le mal qui sont autour de toi et qu'on te cache. Le petit oiseau chanteur peut voler au loin, près des pauvres pêcheurs, sur le toit des paysans, chez tous ceux qui sont loin de toi et de ta cour. J'aime ton coeur plus que ta couronne, et pourtant, une couronne a comme un parfum sacré autour d'elle. Je viendrai chanter pour toi, mais il faut me promettre une chose ... - Tout ce que tu voudras, dit l'empereur. Il était debout dans son costume impérial qu'il avait lui-même revêtu, et tenait contre son coeur le sabre alourdi par l'or. - Je te demande de ne révéler à personne que tu as un petit oiseau qui te dit tout. Alors, tout ira mieux. Et il s'envola. Les serviteurs entraient pour voir leur empereur mort. Ils étaient là, debout devant lui, étonnés. Et lui leur dit, simplement : " Bonjour !".

     

    Hans Christian Andersen

     


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  • Au bas du St. Laurent, 
    En dessous de l’eau,
    Nagent mes frères 
    Depuis la nuit des temps.

    On entend leurs chants,
    Des oiseaux sous-marins,
    On entend leurs pleurs,
    Mais on ne fait rien.

    Qu'est ce qu’on va faire?
    Qu'est ce qu’on va manger?
    L’océan devient cimetière
    Pour les baleines trépassées.

    Au large de Trois Rivières,
    Couché dans les roseaux,
    Un beau béluga :
    DL-8-153.

    Bourré de PCB.
    Bourré de DDT.
    Bourré de cancer
    À cause de l’homme qu’il côtoyait.

    Qu'est ce qu’on va faire?
    Qu'est ce qu’on va manger?
    L’océan devient cimetière
    Pour les baleines trépassées.


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  • A l'amie qui, rompue par la maladie

     a fait hier à midi

    le grand saut dans un autre monde.

    Où es tu, toi toujours si avide

    de voir et de comprendre ?

    As tu enfin percé le mystère ?

     

     

     

     


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  • Pharaon, c'est le Prince de ce monde.

    Qui veut contre l'évidence garder à son seul profit son cheptel d'esclaves quoi qu'il lui en coûte, à lui, et à son royaume dévasté.

    C'est cette force qui rabaisse toujours nos faces vers la terre, alors même que nos visages se relèvent toujours un peu plus.

    Cette force contraire, la force d'attraction qui nous tire toujours un peu plus vers l'arrière, nous fait retomber dans la boue alors que notre regard et notre intention se précisent, de plus en plus nettement.

    Cette force d'attraction et ce temps qu'elle nous laisse pour ajuster le tir sont indispensables, car autrement, qui aurait la force suffisante pour franchir les espaces incommensurables, et l'assurance, la certitude dépouillée de toutes les scories, de tous les attachements pour rejoindre enfin le cœur de la cible ?

    C'est quand enfin la corde se détend, et que le vol commence, que le cœur s'emplit de gratitude pour cet ennemi jusqu'alors exécré.


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  • Woa, les bettes cardes vapeur aux crevettes grillées, trop bon.

    Avec ce petit Épineuil de chez Fournillon, mmm...

    Comme dit Mme VJ, fine cuisinière et humoriste : Aujourd'hui, Lucky Luke dîne chez Lucky Luke !


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  • Comme tous les ans, Mme VJ me fait part de la défection de ses élèves en fin de saison.

    Parmi ses nombreuses activités, elle enseigne depuis plus de vingt ans le Qi gong : le véritable, dit-elle, tant il apparaît de contrefaçons du genre gym pour 3ème âge.

    Si bien que le mot même de Qi gong lui semble inapproprié. Pour elle, le Qi gong, c'est simplement l'art de vivre en harmonie avec l'Univers immanent et transcendant, poussé, ou réduit à l'essence la plus pure.

    Rien de plus, rien de moins.

    Bref, en croquant cette délicieuse petite salade, elle me dit que, comme d'habitude, aux beaux jours, les gens ne viennent plus.

    C'est partout pareil, ajoute-t-elle, peut-être pour se rassurer.

    Non, m'insurgé-je, non, ma chérie. Je viens, moi, à tous tes cours d'éducation sexuelle, que ce soit l'hiver ou l'été, je n'en manque jamais aucun.  

    C'est vrai, est-elle obligée de me concéder.

    Je suis un bon élève.

    D'autant que la matière m'intéresse particulièrement. 


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  • A Jean-Pierre :

    Merde, j'ai pourtant fait de mon mieux (4ème accord), mais me suis viandé sur le 3ème (ne fais pas de suppositions): je déjeunais vite fait dans un restau de campagne suffisamment réputé et donc assez fréquenté pour qu'on me mette à une table où mangeait déjà un autre mec. Plus exactement, à la table voisine, en diagonale.

    Lui fis, avant d'aller pisser, un salut de la tête auquel il répondit d'un geste de la main en manière de bienvenue.

    La cinquantaine, et, selon mes critères, l'allure d'un homo, comme ils disent, et d'un anglais ou d'un hollandais.

    Mangeons à un plat de distance, puisqu'il était là avant moi, sans causer. Lui regarde l'écran de télé qui se trouve dans mon dos, et moi j'observe, comme d'habitude, en petit Balzac, le décor, les hominidés, et ce qui se passe.

    Quand il arrive au fromage, le serveur lui dit très clairement et en face : Fromage ? Sec, ou blanc ?  

    Manifestement, mon voisin de presqu'en face ne comprend pas.

    Polyglotte et charitable, je traduis : Dry cheese, or white cheese ?

    Là, le serveur se retourne vers moi : "Il est complètement sourd!"

    Mon voisin est un habitué.

    Le 3ème accord dit clairement : ne fais pas de supposition.

    Peut-être que ce gars là est homo et étranger, peut-être. Peut-être que cette supposition, juste ou fausse, est sans importance.

    Mais tu étais vraiment en pleine supposition, mon chéri. En plein délire.

    Tu aurais pu parler n'importe quelle langue, sauf le langage des signes, ça ne l'aurait pas aidé.

    Putain de sourds.

     

     


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  • Un peu de décence serait bienvenue.

    Nous existons, paraît-il, sous le régime de la démocratie.

    Je n'ai personnellement pas la moindre compréhension de ce mot, vues toutes les façons dont on le tord, si ce n'est qu'il semble signifier que le droit appartient au plus grand nombre.

    Si c'est bien le cas, il semble que le parti politique qualifié d'"extrême-droite" conduit par Marine Le Pen a obtenu, et de loin, le plus gros score aux dernières élections démocratiques.

    Alors, si nous sommes réellement en "démocratie", comment le pouvoir, censé être le garant de la dite "démocratie", peut-il admettre, tolérer des manifestations contre l'expression de cette majorité ?

    Y a-t-il des gens plus qualifiés que les autres, plus intelligents, meilleurs, pour  qu'ils aient le droit d'imposer à la majorité leur propre vision du monde ?

    Si c'est le cas, décidément, nous ne sommes pas sous un régime démocratique, dans lequel le petit nombre s'incline sous la volonté du grand nombre, mais sous un régime autocratique qui se sert ou suscite des contrefeux, voire des milices contre ce qui le met en question.

     


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  • Il y a quelque jours, j'ai descendu de la chambre vide de ma fille Marie un tambour africain qui s'y trouvait, oublié.

    Depuis, je l'avoue, il m'arrive de le rouer de coups.

    Faut vous dire que dans ma jeunesse, j'étais un peu l'homme orchestre : guitareux, chanteux, harmonicaliste, fluteux à l'occasion, pianiste même, quoique médiocre faute d'études suffisantes, et surtout surtout, instinctivement : percussionneux.

    J'adorais taper sur tout ce qui résonne. L'homme raisonnant facilement mais résonnant aussi, il m'arrivait de me taper dessus.

    Taper sur les autres provoquant des sonorités incontrôlables et variables selon les zindividus, j'y ai rapidement renoncé, et j'ai généralement fui la compagnie de ceux qui auraient souhaité me prendre comme instrument. 

    L'auto-percussion est spectaculaire, à poil, ou même vêtu, en fonction de ce qu'on a dans les poches, en particulier la menue monnaie.

    Les diverses sonorités obtenues par la percussion, paume ouverte ou fermée, des diverses parties du corps, des joues aux mollets font en tout cas bien rire ma petite-fille.

    Avant que je ne descende ce tambour africain à portée de mes envahissantes paluches, mon instrument de prédilection, lors des fêtes bien arrosées, c'était un buffet Louis Philippe à deux tiroirs chargés de couverts qui a un son absolument indescriptible, réglable en fonction du tirage des tiroirs,  et une vaste surface de frappe.

    L'extase, bref, mais quasi intransportable.

    Le tambour africain, lui, a une poignée, et tient entre mes cuisses.

    Après une semaine passée à le rouer de coups, sur toutes sortes de musiques venues du lecteur de CD, ce matin que je lui administrai une nouvelle volée, Mme VJ passant par là, déclara :

    "J'adooore quand tu joues du tambour".

    Texte évidemment propre à susciter une nouvelle érection de l'ego, si ce n'est plus. 

    Mais surgit alors une toute petite voix :

    "Et l'association Tambours battus, t'en as entendu causer ?"

    Un peu abasourdi, je dis :

    "Quoi ?

    - Ouais, les Tambours battus. Imagine qu'on en a un peu marre, nous, les peaux, les jeunes peaux, les vieilles peaux, de se faire frapper la couenne juste pour vous exciter, les zumains.

    - Ok, j'admets que si vous n'y trouvez pas de plaisir, ça doit être un peu raide."

    Puis réfléchissant un peu, j'ajoutai :

    " Comment vas-tu faire pour ta faire entendre ? Je te vois mal pianoter sur le Net ou appeler ta fameuse association", dis-je en éclatant de rire.

    "Et le téléphone arabe, ça te dit quelque chose ?"


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  • BZZZ...

     


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  • Un truc de mecs, aucun doute.

    Mais c'est beau :

     


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