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    ¡Intelijencia, dame
    el nombre exacto de las cosas!


    ... Que mi palabra sea
    la cosa misma,
    creada por mi alma nuevamente.
    Que por mí vayan todos
    los que no las conocen, a las cosas;
    que por mí vayan todos
    los que ya las olvidan, a las cosas;
    que por mí vayan todos
    los mismos que las aman, a las cosas...


    ¡Intelijencia, dame
    el nombre exacto; y tuyo,
    y suyo, y mío, de las cosas!

     

    Intelligence, donne-moi
    le nom exact des choses !


    ... Que ma parole soit
    la chose même,
    créée par mon âme à nouveau.
    Que par moi aillent tous
    Ceux qui ne les connaissent, aux choses ;
    que par moi aillent tous ceux
    qui déjà les oublient, aux choses ;
    que par moi aillent tous ceux,
    les mêmes, qui les aiment, aux choses...


    Intelligence, donne-moi
    le nom exact, et tien,
    et sien, et mien, des choses !

     

    Juan Ramon Jimenez





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  • Une merveille de film :

     








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  • Elle avait une petite mine, ma lampe de chevet, ce matin, la tête en bas, son chapeau tout de guingois...

    La pauvrette, c'est qu'elle a été malmenée, jugez-en : les rues, les routes étaient pleines de monde. Des jeunes, pour la plupart, des hordes de jeunes tous plus ou moins tarés, emplis de haine, qui crachaient des insultes.

    J'étais dans une voiture, parmi d'autres voitures, et nous allions vers un point de ralliement. Mme VJ était dans une autre voiture, avec quelqu'un d'autre. A un croisement, nous devions prendre à gauche. Ils avaient barré la route, nous empêchant de passer.

    Je descendis. Je savais qu'on avait un laisser-passer, mais c'est Mme VJ qui l'avait. Parmi les invectives, je le leur dis. Elle allait arriver. Quelqu'un me dit : Garez votre voiture !

    Je me trouvai dans la rue. Soudain, un jeune mec, aux cheveux noirs, bien plus grand que moi m'arriva dessus, une lueur de joie meurtrière dans les yeux.

    Ayant peu de chances face à un tel colosse, j'y allai à fond : je l'écartai violemment de la main gauche prêt à frapper de la droite et...

    ...envoyai valser la lampe de chevet dans le mur.

    Bravo VJ.

    Tiens, pour te calmer :

    Voilà, c'est mieux ?

    Les rêves de combat, de guerre, de violence, d'affrontement sont la traduction d'une implication forte dans la dualité.

    Tu te laisses prendre par le film. Regarde, par exemple, bien que tu n'aies pour seul media que le ouèbe, comme tu te laisses entraîner par la sale guerre des américains contre le magnifique Poutine, ou celle de l'ignoble Valls contre le gentil Dieudonné.

    Tu choisis des bons et désignes des méchants, VJ, alors que, dans tes bons jours (et tes bonnes nuits), tu n'hésite pas à donner des leçons aux autres : c'est un film, les gars, restez en dehors de ça.

    Faites ce que je dis, quoi.

    Et puis, tu n'avais qu'à être avec Mme VJ, puisque c'est elle qui avait les papiers. Manque d'unité, c'est clair.

    Bon, allez, on fera mieux la nuit prochaine, d'accord ?


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  • L'amûr, tujûrs l'amûr...

     

     





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  • N'ayant pas la plume bavarde ces temps-ci, je réédite, piochant par ci par là dans les réserves.

     

    L'art du conteur est de dire mille choses en une, d'ouvrir des portes tout en les cachant.

    En voici un exemple très connu, mais combien ont su le lire ?

    Le nom du brave monsieur Seguin donne le ton. Si les étymologies officielles balancent entre SIG WIN, l'ami de la victoire, le plus douteux, et surtout dans ce contexte, et le scieur, de la sègue méridionale, le plus probable, phonétiquement le mot appartient à la famille de sequare, suivre, qui a donné entres autres le mot second, qu'on prononce seguond.

    Et le mouvement du scieur est toujours le même, du matin au soir, qui débite ses morceaux de bois. C'est le mental qui analyse, la raison qui, comme le dit Jean Charon, se base sur le connu pour avancer.

    M. Seguin est un brave homme. Pas un homme brave. L'histoire dit de la chèvre qu'elle était brave, elle, oui, qui a cherché sa voie vers les hauteurs, alors que M. Seguin, ce brave homme, n'a jamais quitté son enclos, et y enfermait son avoir.

    M. Seguin est un suiveur. Un mouton.

    L'appel de la montagne rappelle l'ascension du Mont Analogue par René Daumal. Irrésistible appel qui mène à l'accomplissement de la destinée, malgré la peur. Monter là-haut, c'est renoncer à la routine et à la pensée conforme. Mais qu'ont toutes mes chèvres ? se demande le pauvre bougre pour lequel l'existence en cage constitue tout l'horizon. Que peut-on aller faire dans la montagne, quand le loup y rôde ?

    Nous sommes tous partagés entre l'enclos et le large, le conformisme de Seguin et l'envolée de la chevrette blanche.

    Puis soudain, rien ne nous retient plus, et nous partons.

    La chèvre, c'est l'élan du coeur, l'intuition, l'imagination débridée.

    Au  creux de l'après-midi, une rencontre : l'ami sauvage, un chamois noir qui déjà préfigure le terrible loup, la nature ambiguë.

    Et puis, au soir, quand la nuit tombe, on mesure le chemin parcouru depuis qu'on est sorti du placard miteux : pauvre petite chèvre, maintenant seule face à l'horreur révélée, les oreilles dressées, les yeux luisants.

    Daudet sert généreusement les indices, les clefs de l'histoire. Luisant, c'est lumineux. Le loup, en symbolique alchimique, c'est lukos, lux, la lumière.  

    La redondance montre que le loup, c'est la révélation, l'éblouissante lumière qui se cache dans les ténèbres. Trop de lumière, d'insupportable lumière.

    Toute la nuit, la chèvre, la septième petite chèvre, la septième, comme par hasard, oppose ses cornes à l'assaut de la bête, comme un certain Jacob a lutté toute une autre nuit, ou la même, peut-être, contre un ange dont l'histoire ne dit pas s'il était noir et écumant, ou lumineux.

    Le loup, à coup de dents, enlève peu à peu la substance de la chèvre, arrache ses peaux, la dévoile, en extrait l'essence.

    Ce n'est qu'à la fin de la nuit que le monstre se transforme et que la petite chèvre abandonne la lutte, car elle sait maintenant  ce que dissimulait le monstre, qui n'était que la somme de ses peurs.

    Daudet insiste bien : elle se battit toute la nuit, et puis le matin, le loup la mangea. Tu m'entends bien Gringoire ?

    As tu des oreilles pour entendre le conte ? Entendre que cette histoire pour enfants est l'histoire véritable de ceux qui refusent de vivre enclos ? Qu'après la traversée de la nuit, il y a un matin, et qu'au matin, le combat cesse enfin, et qu'enfin les deux font Un ?

     

    Publié le 12 novembre 2011


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    "Quel mot s'est échappé de l'enclos de ta bouche ?", demandaient les héros d'Homère à celui qui parlait imprudemment.

    Quelle merveille que cet enclos de dents, ce palais où règne madame la langue, "la pire et la meilleure des choses", selon le fabuliste Esope !

    Dommage qu'il grouille si souvent de démons sauvages et rebelles, qui se pressent en foule vers le monde, habiles à le souiller, le renverser, le détruire, le moquer, le travestir, le tromper, lui mentir.

    Car les mots sont dans bien des bouches les effluves des hordes infernales qui pullulent dans les ténèbres poisseuses de notre inconscient le plus bas.

    De là, si rien ne les retient, ils s'échappent à l'air libre, causant troubles et ravages, provoquant querelles et désastres.

    Cette vision est bien noire. Il n'y a pas en nous que des zones infectes, des marais mijotant des fièvres assassines. En nous coulent des rivières et des ruisseaux d'eaux libres, en nous soufflent des vents de fraîcheur, des cascades de rires et des parfums de fleurs et de bêtes soyeuses. Nous avons des contrées généreuses et des chemins hospitaliers, d'accueillantes auberges aux hôtesses divines.

    L'ancienne sagesse conseillait de tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Sept fois, encore, sept tours, sept cercles autour de l'axe vertical. Sept fois comme les sept roues qui symbolisent les stations du désir.

    Nous aurons tous éjaculé, hommes et femmes, bien plus de paroles que de liquides durant l'existence terrestre. Et comme eux, elles prennent naissance de notre désir. Noir désir, qui doit être éduqué, taillé, râpé, lissé, peigné, passé au crible, une fois, deux fois, six fois, sept fois, jusqu'à ce qu'aucun mot sorti de l'enclos de nos dents ne blesse plus, mais forme un pont avec le monde.

    Purification du désir, encore et toujours.

    De la naissance à la mort, nous n'avons que cette seule tâche. Tout le reste est foutaise.

     

    Publié le 11 décembre 2011 


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    Plus ?

     





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  • Ce que j'imite me limite. Car alors je me fixe un but, une forme qui me semble idéale et désirable. Mais je n'imite que la forme, qui n'est que l'ombre projetée de l'idée. La forme n'a pas de signification réelle. L'extérieur n'est pas vivant. Le gant n'est pas la main.

    Qui m’imite tend à me limiter, car il m’interprète selon sa propre limitation, me forme à son désir et me fige dans une représentation qui n’est rien de plus que l’image qu’il a de moi, selon les capacités de sa propre imagination, et qui peut peser sur la mienne. Il y a une interaction permanente entre moi et l’autre, qui rend encore plus difficile la réalisation de Qui je Suis.

    Les idoles, les stars, qui sont bien peu de chose les lumières éteintes, si elles n’ont pas la force de passer au-delà, ne se nourrissent que d’énergies serviles et très basses, qui en réalité les vampirisent par soustraction de la substance de leur image. Cela explique le nombre extrêmement élevé de suicides, drames, dépression et excès constatés dans ce milieu.

    Imiter c’est tendre à devenir l’image qui semble bonne. C’est suivre. Dois-je vouloir être bel et bon, selon mon propre curseur, qui varie sans cesse, en fonction des modèles rencontrés ?

    Quelqu’un me plaît. Je veux être comme. Commun. Con. Conforme.

    Quand je me conforme, ma forme devient commune. Comme une autre. Reflet. Plasma. Je perds donc toute possibilité d’Être.

    Il existe une tendance au mimétisme négatif : vouloir se différencier à tout prix. Pour un résultat identique.

    Je suis original lorsque je transmets dans ma forme la structure originelle de ma véritable forme, enfin pure de toute influence ou scorie, de toute attente, de toute crainte, de tout désir.

    Alors, étant devenu parfait, je peux exprimer la voix de l’Origine (étymologiquement : qui vient de la lumière), celle qui traverse le mur de la matière pour résonner comme par un tuyau – on dit maintenant un canal. Je suis alors enfin une Personne (per-sonnare).

    Toute imitation, tout mimétisme, tout désir de se fondre dans la masse par lassitude ou de se différencier par réaction doivent être bannis, tout désir de plaire, de se conformer à ce que l’autre attend de nous, tout cela doit être constamment débusqué et son énergie transmutée afin de laisser advenir à travers nous la voix et la lumière de l’Origine Eternellement Présente.

    Être beau n’est rien. Être bon non plus. Sage, riche, puissant, aimé, respecté, adulé, craint, suivi, apprécié, recherché, coté.

    De la rouille dans le tuyau. Attributs, guenilles. Fantômes, cadavres.

    Bouffe pour la lune, pour paraphraser Gurdjieff.

     

    Déjà publié le 18 janvier 2010.

     





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    L'artiste à l'oeuvre

     

    Autoportrait de Rembrandt, détail 

     

    L'un des problèmes principaux de l'artiste, c'est de définir, non pas une fois pour toutes, mais en permanence, la limite entre lui et son œuvre, ou, pour être plus exact, l'œuvre qui l'utilise pour venir au monde. 

    Car la théorie du mème, popularisée par Howard Bloom, s'applique à toute œuvre, et bien sûr particulièrement à l'œuvre originale - car à la fois universelle et forte d'une individualité exemplaire - sortie des mains d'un canal exceptionnel.

    La première difficulté, c'est de rester fécond et actif, alors que la genèse absorbe une partie notable de l'énergie vitale, et parfois immobilise, en une stase presque morbide, ou au contraire excite extraordinairement pour laisser après coup l'artiste flasque, vide et atone.

    La seconde, c'est de laisser paraître le bébé sans y laisser accrochées ses tripes, son cœur, et sans le préférer à ses autres bambins. De renoncer à la possession. 

    C'est plus difficile pour un peintre ou un sculpteur dont l'œuvre unique et physique s'éloignera sans retour, alors que pour l'écrivain, le photographe, - qui ne cèdent pas un manuscrit, un cliché, mais des droits à la reproduction-, le cinéaste, le musicien - une pellicule, une bande -, le duplicata est une condition d'existence sine qua non.

    La troisième, c'est de ne pas demeurer pendu à l'œuvre, si elle a rencontré le succès, comme une moule après son bouchot, de ne pas chercher à la reproduire indéfiniment mais au contraire de demeurer libre de toute inspiration, même la plus différente, quitte à essuyer ensuite l'insuccès durable ou définitif.

    C'est la raison pour laquelle l'éditeur, le producteur, le galeriste, tous les intermédiaires, s'ils ne sont pas parfaitement purs et amis, s'ils ne servent que des intérêts vénaux et immédiats, s'ils ne sont que des épiciers, ne peuvent que couper les ailes des artistes qu'ils sont censés promouvoir.

    Un exemple parmi d'autres : après le triomphe de "Le Sud", Nino Ferrer a essuyé mille misères, pour échapper à ses triomphes maudits et aux maisons de disques rapaces : Refaire inlassablement Le Sud, Mirza, Gaston, la Maison près de la fontaine.

    Pourquoi faire autre chose, coco, puisque ça marche ! Tu comprends vraiment rien au bizness...

    "Tu te rends compte, disait-il à Richard Benett, j'ai écrit, composé et produit près de deux cents chansons, et les gens n'en connaissent que trois. C'est comme un peintre prolifique dont on ne connaîtrait que trois tableaux, car tous les autres sont dans des coffres".

    Comme une voix qui crierait dans le désert, alors que des zombies sourds et aveugles se baladent avec leurs écouteurs en boucle ... 

    Moi, poète mineur, philosophe de poche, je vous parle de ça, parce que je vois bien, depuis mon petit vélo, comment ça marche, le succès, depuis quatre ou cinq ans que j'éjacule ma prose dans l'insatiable vagin du ouèbe.

    Un petit nombre de fidèles, avec des plus ou moins fidèles - mais aucun contrat ne nous lie, on revendique l'union libre - et parfois, parce que le thème ou la rédaction vont percuter un besoin ambiant - une faim frénétique -, un texte va valdinguer de droite à gauche d'un blog à l'autre, faire des échos, des entendus, des sous-entendus, des malentendus, peut-être.

    On en arrive à la quatrième difficulté de l'artiste : est-il jamais certain d'avoir été vraiment lu, entendu, vu, écouté, compris ?

    Certains le réduiront à leur taille et le traîneront devant leurs tribunaux de nains, d'autres l'amplifieront, lui feront estrade, cortège, en feront une bannière, chercheront à l'enrôler, l'appelleront à témoigner pour des causes crevées.

    Mais lui, l'artiste, que doit-il penser de tout ce cirque ? Est-il son œuvre ? Tout entier contenu dans telle ou telle partie de l'œuvre ?

    S'il crée pour être populaire, pour être aimé, mieux vaut pour tout le monde qu'il se taise et disparaisse.

    Mais un artiste peut-il crier son œuvre sans ce besoin obsédant d'être entendu et compris, sans la moindre restriction ?

    Tel est le paradoxe éternel, telle est la terrible question de celui qui crée.


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  • Des journalistes français capturés et traités comme des bêtes pendant des mois, attachés tous ensemble dans des caves viennent d'être libérés, on ne sait comment.

    Ce qu'on nous dit, quand même, à mots couverts, c'est que ce n'était pas l'abominable Assad qui les détenait, mais les gentils opposants à cet horrible bonhomme, cet affreux tortionnaire, qui eux sont nos amis, nos alliés, qu'on arme et fournit en munitions, ces précieux amis de la France, de monsieur Fabius et de monsieur Lévy (BH) en particulier, qui sont d'excellents français dont les valeurs républicaines ne cessent de m'émerveiller, et, ouf que pour mon porte-monnaie un peu dévasté par l'explosion des taxes et des impôts de toute sorte, que la France n'a pas déboursé un centime pour obtenir qu'ils soient rendus à leurs foyers.

    C'est que monsieur Fabius est une fine mouche, et sans le moindre doute, un parfait honnête homme. Comme monsieur Strauss-Kahn,franc comme l'or.

    Passé au travers des pires scandales en restant toujours propre de chez propre. Monsieur propre, faut croire. C'est même sûrement héréditaire - c'est ça, la noblesse, l'aristocrassie - puisque on n'entend plus le moindre bruit sur le fiston intitulé Thomas, qui s'est offert alors qu'il pointait à Pôle Emploi un appartement à 7 millions d'euros.

    Pas à dire, faut être particulièrement habile.

    J'en connais pas d'autre, perso. Mon voisin, lui, travaille comme cariste dans l'interim, sa voiture est tombée en panne, c'est moi qui nourrit ses chats, et je suis pas sûr qu'il pourrait se payer un appartement à 7 000 euros sans en emprunter 7 500. 

    Alors, des gars comme ça, qu'ils arrivent à négocier le retour de gens détenus par nos alliés chéris sans que ça vous, sans que ça nous coûte le moindre sou, on doit s'en féliciter. 

    Encore une victoire de la démocrassie !

    Ces gars là sont vraiment forts.

    Cependant, et bien que ça me semble à moi incompréhensible - mais sans doute que je n'ai pas reçu dans mon berceau l'équipement mental nécessaire -, c'est que monsieur Assad soit toujours l'affreux, l'homme à abattre, et ses valeureux opposants nos alliés.


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  • Une remarque : il me semble que dans le texte ci-dessous, le traducteur use constamment du mot « esprit » pour désigner le mental. Attention aux risques de contresens, donc.

    "Je me suis rendu en Inde en 2008 et j’ai vu ce qui se passait. C'est un pays tellement étonnant que j'ai passé un séjour merveilleux, mais de voir à quel point les gens sont sous le contrôle de la religion m'a un peu dépité. Je suis allé sur le site de la montagne Arunachala, près de la ville de Thirunvannamalai, dans l'État du Tamil Nadou, au sud de l'Inde. C'est la région de Sri Ramana Maharshi qui à partir de l'âge de 13 ans, a réfléchi profondément à la signification du « je ».

    Qui suis-je ? Quelle est la nature de ce « je » dont nous parlons ? Il en a conclu, après une vie passée à méditer profondément, que le « je » est une Conscience infinie, éternelle, invariable et que le monde « physique » est une illusion de ce que nous appelons l'esprit. C'était essentiellement cela. Pour lui, les prétendus « maître » et « élève » sont à voir d'un point de vue différent, ou d'une observation différente, et non comme « celui qui est au sommet » et    « celui qui est en bas ». Je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il a dit, ni avec tout ce à quoi il a cru, mais les fondements représentent la vérité simple. Le royaume « physique » est une réalité illusoire dans laquelle les gens se perdent à cause de l'isolement et de la division. Oh, Shiva, qu’ont-ils fait de tout cela ? Depuis sa mort, en 1950, l'endroit où il a vécu a été transformé en lieu saint. J'ai été stupéfait de voir les adeptes se prosterner devant son image, leur front touchant le sol en signe d’hommage et de respect. J'ai eu envie de crier : « Mais arrêtez donc ! » « Vous n'avez pas compris ce qu'il disait ». « Relevez-vous ! ». Je suis arrivé à l'ashram principal et sur le lieu saint dédié à Ramana lors d'un rassemblement nocturne. Ramana n'avait pas vraiment de lien avec la religion hindoue, mais peu importe. La religion l'a adopté, à ce que j'ai pu voir, et à absorbé son message pour l'adapter à son plan. Assis autour du hall, se trouvaient les disciples de Ramana, les gens du coin et des personnes venues du monde entier. Pendant la cérémonie, un homme lisait les passages d'un livre et l'assemblée répétait à l'unisson les passages cités. Cela aurait très bien pu être un office chrétien, islamique, juif ou une cérémonie hindoue. Étais-je le seul à capter l'ironie d'un tel rituel religieux, célébrant un homme qui avait dit que ce monde était une invention de l'esprit et que nous ne faisions qu'un ? Je pense que oui.

    J'ai observé les blancs occidentaux en costume traditionnel indien, les cheveux rasés et qui suivaient le programme religieux professé à travers le monde. Ils portaient l'uniforme et avaient copié la coupe du « saint homme » qu’ils regrettaient de ne pas avoir été. J'ai brièvement rencontré un charmant type venu d'Écosse et dont l'accent surréaliste contrastait avec sa tunique hindoue et ses cheveux rasés. Il marchait comme tous ceux qui ont rencontré leur guide, lentement et en déroulant bien ses pas, comme s'il marchait sur une corde invisible. Ce n'est pas de l’« illumination » religieuse, c'est un programme informatique. Je ne tape pas sur ces gens-là, ni ne cherche à les ridiculiser. Ils devraient pouvoir porter ce qu'ils aiment, avoir leur propre style. Si tout le monde s'habillait comme moi, quel ennui ! Tel est mon avis : la façon dont on s'habille ou se coiffe n'a aucune importance. L'illumination n'est pas une mode, c'est un état d'être. Ceux qui ont besoin de l’apparence passent à côté de quelque chose de très profond. Ils se concentrent sur l’   « extérieur » et non sur ce qu'il y a à l’« intérieur». Ils pensent avoir accès à la conscience infinie alors que tout se passe dans leur esprit, qui est limité par des images et des « choses ». C'est l'esprit qui est obsédé par l'apparence, la personne extérieure, la Conscience infinie n'y accorde aucune intention. L'esprit pense, et l’ apparence n'est qu'une expression de la pensée. L'infini est, tout simplement, et il peut reconnaître une connerie quand il en voit une. Partout où je suis allé dans les les alentours d'Arunachala, j'avais l'impression que les gens enlevaient leurs chaussures en permanence « en signe de respect », mais en respect de quoi ? C'est plus une posture qu'autre chose. Le respect vient du coeur, pas des chaussures. On m'a demandé une fois d'enlever mes chaussures pour traverser un parking poussiéreux et une voie de passage ouverte pour prendre un chemin de montagne. Je ne suis entré dans aucun bâtiment. Apparemment le parking poussiéreux et la voie de passage étaient sacrés. Quel conditionnement débile ! Mais peut-être n'y a-t-il que moi pour penser ainsi.

    Les gens étaient assis dans la position du lotus, et moi, dans le lieu saint, j’étais assis sur une chaise pliante à cause de mon arthrite. Quelques personnes m'ont regardé bizarrement, mais je ne m'en souciais pas. Pas besoin de suivre un règlement pourri du style « vous devez être assis dans la position du lotus pour aligner votre énergie sur celle de Dieu ». Est-ce que cela signifie que je ne peux pas m’« aligner » parce que j’ai de l'arthrite et que je ne peux pas m'asseoir par terre ? Mince alors, pour m'asseoir les jambes croisées, il faudrait que je sois sous anesthésie. Les affaires de mécanique du corps, le         « comment vous le faites » ne sont qu'un mirage qui opère dans le royaume de l'esprit, d'où émane toute la structure. L'esprit est le « monde » de l'illusion. « Aligner notre corps ?»… Il n'y a pas de corps, en tout cas pas tel que nous le percevons. Comment voulez-vous aligner votre vision de l'esprit à celle de Dieu, puisque votre esprit est déjà « Dieu », le Tout Infini ? C’est comprendre que nous sommes l'Infini qui va nous aligner efficacement et sciemment à la conscience de l'Infini et non de nous asseoir dans la position du lotus. Notre point d'observation détermine notre sens des réalités, c'est tout, et notre sens des réalités devient notre réalité vécue.

    Je suppose que mes impressions générales sur la « spiritualité » officielle de l'Inde se résument au moment où j'étais assis à l'extérieur de l'ashram de Ramana et attendant qu’il ouvre. Près de moi se trouvait un américain blanc, un « gourou» au crâne rasé, assis en tailleur et vêtu d'une tunique orange. Il parlait à deux américaines d'âge moyen, du chemin de l’illumination. La première gobait chaque syllabe avec une crainte non dissimulée, alors que l'autre notait studieusement chaque expression qu'elle pensait pertinente dans un petit carnet. Ce qu'il leur disait semblait terriblement compliqué et quand il a ajouté que nous n'étions pas digne d'être « Dieu » j'ai plié ma chaise et me suis éloigné pour retrouver mon souffle. Au moins, la dame au carnet avait posé une question évidente : « si vous dites que nous sommes « Dieu », comment pouvons-nous ne pas être digne de lui ? » Le temps qu'il fasse sa réponse prolixe, j'étais fort heureusement hors de portée de voix, bien que j'ai noté qu'il avait parlé une ou deux fois de « Jésus ». Cet homme, c'était le christianisme, le judaïsme et l'islam portant un déguisement orange. Comme d'habitude, la simple vérité se noyait dans une complexité superflue et une hiérarchie fabriquée. Dieu est « en haut » et nous sommes « en bas ». C'est exactement la façon dont les dieux serpents veulent que nous percevions cette relation. Aussi, il existera toujours d'authentiques « gourous » ou des « saints hommes » ou « saintes femmes », cachés par ce raz-de-marée de connerie, de prétention et d'égoïsme, qui se fait passer pour de la « spiritualité » et de l’« illumination », mais ils ne sont pas la majorité. Les gens les plus égoïstes, les plus roublards, les plus douteux que j'ai connus, sont ceux qui emploient ce genre de termes : « amour et lumière », « j'aime tout le monde », « je prends tout le monde dans mes bras ». (…) J'ai eu beaucoup d'expériences douloureuses et coûteuses avec ce genre de personnalités narcissiques, se faisant passer pour la quintessence de l’ « amour » et de la « bonté ». Ils n'ont aucune intégrité ; ils condamneront le « système » avec leurs mots, mais s'en serviront quand cela siéra à leur avidité et à leur esprit vindicatif. Le New Age est une autre religion reptilienne servant à prendre au piège ceux qui rejettent les autres religions. Ironie du sort, les médias m'ont taxé de « gourou New Age ». Pathétique !"

     

    Extrait de « Race humaine, lève-toi ! », David Icke, p. 308/310.





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  • Les reptiliens et leurs chiens adorent les décorations.

    Quoi de plus ridicule qu'un militaire en grande tenue, exhibant sa quincaillerie, qu'un dignitaire franc-maçon, harnaché comme un cheval de fiacre, qu'un ministricule républicain orné du collier et des médailles de ses maîtres ?

    Ces fanfreluches n'illustrent que la soumission de ceux qui les considèrent comme précieuses et dignes d'être recherchées.

    Il existe par contre un ordre, parfaitement initiatique, une véritable chevalerie, dont les membres se reconnaissent d'emblée, sans qu'ils aient besoin pour cela de ces amuseries débiles.

    C'est un cercle protégé par un invisible faisceau de radiations qui en exclut infailliblement ceux qui lui sont étrangers, sans qu'il soit nécessaire de disposer de mots de passe.

    C'est un clan où se retrouvent entre frères des humains de toute provenance, le plus démocratique du monde, puisqu'il n'est pas fondé sur la possession des richesses ou du savoir, mais le plus aristocratique aussi, au point que nul, quelles que soient ses manigances, bien au contraire, n'y entrera s'il est indigne.

    Cet ordre, cette chevalerie qu'aucune corruption ne peut entacher, c'est le noyau des hommes et des femmes qui sont devenus incapables de mentir et de dissimuler.

    Incapables de feindre, de ruser, de bouger des pions dans l'ombre, de déguiser leur pensée, de salir des mots et de traîner quiconque dans la boue, incapables d'user de menace ou de chantage, incapables d'admettre que le noir est blanc, que le menteur est juste, et le coupable innocent, même si les loups le déchirent.

    C'est une chevalerie éternelle, à laquelle on appartient ou non, selon son degré de pureté.

    Quand on y est admis, c'est sans l'avoir cherché, visé, demandé. Quand on y est entré, on le sait, par un redressement soudain de la colonne vertébrale, qui est une véritable investiture.

    C'est la seule véritable chevalerie, au regard de laquelle les pitreries initiatiques sont un folklore grotesque ou du fumier.   

     





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  • A fond


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  • Pour moi, le meilleur disque de King Crimson, incroyablement bon de A à Z, c'est Islands.

    Robert Fripp tient son groupe d'une délicate et élégante main de fer, à mille lieues du son "rock" de l'époque. 

    L'un des meilleurs morceaux, le long voyage de Formentera Lady, puis, en prime, Sailor's Tale.

    L'album entier vaut l'écoute, et plus.

    Désolé pour l'immonde pub préalable, mais les autres vidéos sont tronquées, doublées d'images douteuses, ou malsonnantes.

     


    KING CRIMSON - Formentera Lady /The Sailor's Tale par salvovsc 

     

     


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  • Cet été là, je marchais seul dans les monts d'Auvergne. Marcher seul, c'est facile : pas à attendre les traînards, les geignards, ceux qui s'arrêtent à toutes les fontaines, à toutes les terrasses de bistrot, s'écroulent à l'ombre à chaque dénivelé. Pas de bavards, non plus.

    Vous avez dit misanthrope ? Que nenni. Ah que nenni, même. Mais, comme l'ami Thoreau, je pense que marcher est un acte sérieux, grave, méditatif, sous un aspect mécanique, qui ne supporte pas l'amateurisme ni les demi-mesures.

    Sacré ? Oui, sacré, dès lors qu'on l'intériorise. Marcher en dedans, comme en dehors.

    Les arts martiaux chinois savent un certain nombre de marches, qui toutes ont des buts et des effets différents.

    Marcher requiert une vigilance constante, dont la charge principale est dévolue à l'intelligence - dite instinctive - du corps. 

    Il me souvient d'un dénivelé assez doux, mais hérissé de pierres roulantes dangereuses pour les chevilles et toute la suite de la structure, que j'ai descendu en état d'hypnose. Le corps veillait, l'esprit était envolé*.

    Marcher en conscience, chose presqu'impossible sur le moyen et le long terme, est une autre aventure.

    Seul, ce qui est difficile, à moins d'être devenu absolument indifférent à toute perte, c'est d'être libre de ses affaires - sac, chaussures, tente - en phase de repos, à moins de tout trimballer 24 h sur 24.

    Un matin, j'allai au sommet du Sancy.

    C'est loin dans mes souvenirs, ça a pris un peu la poussière. Était-ce le matin, l'après-midi ? J'ai oublié.

    Il était dans mes habitudes de partir à l'aube, et de marcher dans la fraîcheur. Pas à la lampe frontale comme je l'ai vu faire sur le Saint-Jacques par deux savoyards, forçats de la route, mais suffisamment tôt pour rompre successivement du front toutes les toiles qu'avaient tendues les araignées durant la nuit, humides de rosée, comme de rafraîchissantes serpillières et voir rentrer chez eux les prudents et inquiets lapins dans un ballet précipité de tutus beiges et blancs.

    Pouvez-vous imaginer quelle est la vie du lapin, que tous convoitent, si peu armé pour sa défense, si ce n'est son art de bondir à la moindre alerte, et ses incroyables oreilles toujours au guet, ses moustaches frémissantes, sa capacité à se reproduire qui oblitère les nombreuses pertes qui endeuillent son clan, et, tel le pauvre randonneur solitaire, le court fil qui le relie à son terrier, à ses affaires ?

    J'ai oublié l'heure, mais me souviens qu'il faisait chaud, voire plus, ce jour là.  Et aussi d'une mince ligne de crête d'un mètre de large, peut-être, entre deux gouffres.

    J'arrivai, fumant.

    En même temps qu'un téléphérique - télécabine ? j'ignore le mot idoine - plein d'aimables momies roses de peau, casquées d'argent, élégamment, fraîchement et proprement vêtues, qui s'égaillèrent en piaillant et commencèrent à s'auto-mitrailler devant les horizons comme Sir Edmund Hillary l'a peut-être fait en son temps.

    Nul doute que s'ils avaient eu entre les mains un drapeau de leur fief - Sam Suffy -, ils l'auraient déployé sous le flamboyant et splendide soleil.

    Un peu dégoûté (ma question actuelle est la suivante : serais-tu encore dégoûté, VJ, si tu revivais une situation identique, ou y serais-tu devenu indifférent ? Bref : as-tu avancé dans le renoncement à toute illusion, ou non ?), suant, poussiéreux, j'orientai ma boussole vers un bel hôtel, où je pris la plus belle chambre et plus tard le menu le plus cher.

    Pour me reposer, et me décrasser à fond, parce que j'avais omis de me laver depuis deux ou trois jours, vue la difficulté de s'éloigner du terrier, mais aussi, vu l'air dégoûté et méfiant du réceptionniste, pour casser le cliché du vagabond désargenté, voleur de poules.

    Une image bien ancrée, puisqu'on me demanda de payer d'avance.

     

    * Fait ça aussi en voiture, un matin. 40 km sans le moindre souvenir.

      


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    Moi, où en suis-je, de ce voyage ?

     

    Je marche, comme toujours. A moins que je ne rêve que je marche ? Peut-être suis-je mort ?

     

    Cette nuit, j’ai le souvenir de deux rêves : dans l’un j’apprenais à jouer d’un drôle d’instrument, entre accordéon et vielle, c’était un instrument à jouer la vie.

     

    Plus tard, j’étais mort, et je me projetais dans le temps, dans l’avenir, et, mort, invisible, j’appelais ma femme de ce temps-là, elle se nommait Marie. Marie, appelais-je, et elle ne m’entendait pas, à peine si elle se retournait vaguement, inquiète. Voyant son air triste, ses larmes, j’ai eu un coup au cœur, comme un coup de poing, qui m’a éveillé.

     

    Suis-je mort, suis-je vivant ? Papillon, ou Tchouang Tseu ?

     

    Chez le peintre Ibara, j’ai compris à quel point chacun voit le monde à sa propre et unique manière. Si on a tous un monde différent, dès lors qu'on le sait, on doit pouvoir y agir, comme avec cet instrument de musique, jouer sa propre mélodie ?

     

    Pour cela, il faut disposer de l’instrument, et apprendre à s'en servir.

     

    Le vouloir, aussi.

     

    Suis-je en train d’apprendre, ou en train de rêver ?

     

    Vivant? Mort?

     

    Je ne sais pas. C’est peut-être sans importance.

     

    L’important est - peut-être -  de jouer à la juste profondeur, la strate où se font et se défont les trames, ouais, où s’échangent les tramways, les aiguillages, c’est le terme, là où s’inscrivent les airs nouveaux, où les arbres s'enracinent, et plongent les rochers, car en surface, on ne fait que subir, courir, mourir, sans jamais rien savoir ni pouvoir.


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  • Nous étions dans l'atelier du peintre, carrelé dans le goût des années soixante.

    Sa femme, sa complice, sortait les tableaux un par un d'un tas informe mais secrètement ordonné, alternant des petites toiles de 30 par 20 et les peintures monumentales.

    Nous allions d'étonnement en étonnement, bien que je connusse déjà une grande partie des œuvres par le biais de son blog.

    Mais l'écran s'interpose entre la fonte retenue des couleurs sur le fond tissé et l'image décomposée puis reconstituée qu'en propose le sorcier moderne, Onc'Pixel.

    Quel rapport entre l' étreinte amoureuse et les glaciales revues hot ?

    Ce peintre là ne peint pas seulement. Il vous élève à sa hauteur.

    Hauteur, profondeur, qui sait ?

    Quand on parle d'impression - quelle impression vous a-t-il fait ? - on dit ce qui arrive là. Le sceau des toiles s'imprime directement en vous, sans que vous soyez tout à fait informé de la profondeur à laquelle vous avez été irradié.

    La veille, nous étions à Beaune, et, prévenant, je montrais les vitrines des galeries à Mme VJ : regarde bien ce qui est ici mis en devanture, tu pourras apprécier l'écart.

    Ibara est un être irrémédiablement lié à son œuvre, dont chaque toile, chaque dessin, même satirique est un vide béant qui vous aspire, comme le vide des montagnes russes et vous emplit comme un appel venu depuis une Terre nouvelle, ou peut-être très ancienne.

    Car une technique sans faille a lissé l'intérieur des canaux par lesquels parviennent ces inspirations profondes. 

    Ce qui m'émerveille surtout, c'est que chaque personne présente, le peintre compris, voyait en chaque œuvre dévoilée des silhouettes particulières, différentes, probablement des rappels personnels secrets, enfouis, soudain rappelés au jour.

    Une variante du test de Rorschach : dis-moi ce que tu vois, peut-être toi et moi pourrons deviner/devenir qui nous sommes...

    C'est à cet instant précisément que j'ai expérimenté ce fait que je ne savais jusqu'alors qu'intellectuellement : nous créons véritablement notre univers, puisqu'aucun d'entre nous n'a la même façon de voir une même chose.

    Le propre de la Beauté est de transcender les opinions particulières, pour infliger à l'âme une blessure qui demeurera suppurante.

    De cela, l'œuvre d'Ibara est capable.

    Coupable ?

     

     

    L'atelier

     

     "La tour de Babel" acrylique sur toile

    (format: 1m30/1m60)

     


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  • L’ère du Kali Yuga dont, chanceux voyageurs, nous explorons la fin, est dénommée "Temps des conflits", et "Temps de la confusion". L’origine de la confusion réside dans l’extrême éloignement du principe créateur qui forme l’origine de toutes choses. Les Dix mille êtres alors tous en conflit l’un contre l’autre, et chacun à l’intérieur de lui-même proviennent pourtant tous du Un, et en fait, ne sont qu’Un. Le Coran rappelle que Dieu est plus proche de nous que notre veine jugulaire. Cet éloignement n’est donc qu’un rêve, mais ce rêve est tenace et vire au cauchemar. Voici un extrait du livre que Bahrâm Elahi a consacré à son père, qui fût un maître shi’ite né en 1896. Cet extrait tiré de l’édition française de 1976 chez Seghers (PP. 131 à 133) a pour titre "la Connaissance". La connaissance dissipe la confusion et la peur qui en est la fille. L’ombre règne sur les hommes par la peur. Seule la connaissance et la lumière qui en découle peuvent vaincre la peur. Tel est le véritable enjeu de notre temps.

    « La base de toute connaissance est la connaissance spirituelle. Toutes les idées existent dans le monde métaphysique et il suffit de prendre conscience de la parcelle divine qui est en chacun de nous pour comprendre et savoir tout ce que nous voulons. Ainsi les savants et les inventeurs doivent le plus souvent leurs découvertes à des inspirations subites ou à des circonstances imprévues. Ils se concentrent sur un problème et après un certain temps ils acquièrent la faculté de capter les vérités et les idées qui se trouvent dans le monde métaphysique. Bien sûr il faut avoir des connaissances préalables et une disposition particulière pour comprendre le problème que l’on veut résoudre quoi que dans certains cas exceptionnels ce ne soit même pas nécessaire. De même qu’il faut certaines facultés intellectuelles pour résoudre les problèmes du monde sensible ; de même il est indispensable de posséder certaines aptitudes spirituelles pour aborder les problèmes métaphysiques. Les âmes quelque peu avancées sont sensibles aux paroles divines. Inconsciemment elles ressentent leur vérité alors que pour ceux qui n’ont pas encore réveillé leur sixième sens, les mêmes paroles paraissent absurdes. Quant à ceux qui ont éveillé le sixième sens, ils sont comme des gens qui entendent dans un pays de sourds et ils ne peuvent faire comprendre aux sourds que le monde qui les entoure n’est pas un monde muet. Les connaissances concernant uniquement le monde matériel ne sont d’aucune utilité pour parvenir à la perfection et le savoir intellectuel n’a aucun rapport avec le degré spirituel. L’âme d’un grand savant peut n’être encore que dans les premiers degrés du perfectionnement et à l’inverse des êtres comme Jésus et Mohammed étaient illettrés. Le savoir matériel est vain et suffisant car il s’appuie sur une logique et des sens trop limités au moyen desquels on ne peut jamais embrasser la totalité. C’est pourquoi tous les savants authentiques finissent par avouer que plus ils avancent dans leur science plus ils se sentent dans l’ignorance. La science ordinaire n’est pas mauvaise en soi, elle est utile et peut être spirituellement profitable à celui qui l’emploie dans un but humanitaire, mais il ne fait pas se laisser fasciner par ses prouesses au point d’oublier la science divine, c’est-à-dire tout ce qui permet à l’individu de connaître son Soi, de connaître Dieu. Tout savoir ne nous est donné que par Dieu mais les hommes croient qu’ils ne doivent leur science qu’à eux seuls alors que la langue et les mots mêmes par lesquels ils s’expriment leur ont été donnés d’en haut. Les savants d’autrefois savaient que leur connaissance étaient des dons divins et c’est par la relation qu’ils entretenaient avec le monde spirituel qu’ils trouvaient les réponses essentielles à leurs questions. De nos jours ce n’est plus le cas et les savants entendent tout trouver par eux-mêmes.

    On compte souvent la magie et la sorcellerie parmi les sciences diaboliques. En réalité magie et sorcellerie sont des sciences parmi les autres et en elles-mêmes ne sont ni bonnes ni mauvaises. Tout dépend de leur utilisation. Elles sont néanmoins à déconseiller formellement aux élèves du perfectionnement. On a coutume de distinguer la magie blanche de la magie noire, mais spirituellement il s’agit d’une seule et même duperie. Autrefois la magie était une science mais elle a progressivement dégénéré. De sorte qu’aujourd’hui il n’en reste rien de bon. Quant à la magie des peuples primitifs c’est un autre problème. Qu’on sache simplement que la voie qui mène à Dieu n’a aucun rapport avec celle de la magie. De toutes façons celui qui approche de la Perfection neutralise complètement les pouvoirs des magiciens comme le fit Moïse par exemple et aucune magie n’a d’effet sur lui. La connaissance spirituelle englobe tous les savoirs. Un homme arrivé à la Perfection connaît absolument tout et pour lui l’inconnu n’existe plus. Un homme parfait connaît les formules les plus compliquées de n’importe quelle science de la terre ou des autres planètes qui ont été découvertes, que l’on découvrira ou que l’on ne découvrira jamais. Et pour lui ces connaissances concernant le monde matériel sont si prosaïques qu’il ne s’abaisse pas à s’en occuper de même qu’il serait déshonorant pour lui de faire un miracle sans l’ordre de Dieu. Pour un homme parfait, il serait ridicule de se faire valoir de quelque façon que ce soit parmi les hommes et de s’occuper des petits problèmes de la science matérielle. Plus on approche de Dieu plus on approche de la vérité, du réel et de la logique. Dans toute formule de physique il y a des causes d’erreur alors que dans l’univers dans le mouvement des planètes il n’y a aucune erreur, aucun désordre. Un calcul précis règne sur toutes les créatures sans exception. Lorsqu’on a l’œil ouvert, on ne trouve pas un atome de l’univers qui ne dépende de Dieu. Il est partout, il est l’existence même. Et s’il n’était pas, rien n’existerait.

    Si Dieu est partout, l’irrationnel, l’absurde et l’erreur ne peuvent exister dans l’univers. Plus on s’approche de Dieu, plus disparaissent les causes d’erreur. Et lorsqu’on est parfait on comprend que tout ce qui existe émane de la perfection même. Un des noms divins est « Celui qui ne commet pas d’erreur ». Pour celui qui reflète l’essence absolue, l’erreur n’existe plus. » 

    Publié le 13 mars 2010


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  • La différence entre une invocation et une prière, c'est celle qu'il y a entre une recette de cuisine et un plat spontané avec les produits du marché. Trompez-vous dans l'invocation, et Astaroth apparaît au lieu de Belial, catastrophe !

    Dans un livre de Gustav Meyrink, "l'Ange à la fenêtre d'Occident", le grand rabbin de Prague dit que les hommes ne savent pas prier, et que souvent leurs prières leur attirent du malheur. 

    Car la prière des hommes est souvent semblable à une invocation. Ils ne savent pas qui ils prient, ni ce qu'ils demandent. 

    Qu'importe la ferveur de la demande si la demande est impure ? Un tas de fumier dégage de la chaleur, lui aussi.

    Le Christ nous a laissé une prière, dont je vous communique la version de Jean-François Kolosimo :

    Notre père du ciel, que ton nom soit glorifié, que ton règne advienne, que soit faite ta volonté –sur la terre comme aux cieux ! Donne-nous ce jour notre pain essentiel ; remets nos dettes comme aussi nous remettons à nos débiteurs ; et ne nous laisse pas persévérer dans l’épreuve, mais délivre-nous du Malin.

    Qui est nettement plus compréhensible que le texte catholique. Je vous renvoie pour certains détails à ce que j'ai écrit ici.

    Cette prière est une construction sur laquelle j'ai l'intention de revenir prochainement. 

    Aujourd'hui, simplement, je voulais dire qu'en dehors de certains modèles comme celui-là qui ne sont pas des recettes, mais des phares destinés à guider les marins perdus dans le brouillard au cours des âges, les prières les plus pures sont celles qui naissent spontanément de notre coeur.

    J'ai lu il y a quelque temps, mais ma mémoire imparfaite a oublié où, quelqu'un qui disait que les mots qui viennent de son coeur y ont été mis par l'Autre. Il est alors celui qu'on prie, celui qui nous donne les mots, et celui qui prie.

    Aujourd'hui, devant l'orage et la pluie qui a suivi ce soleil incendiaire des derniers jours, voici les mots qu'Il m'a mis au coeur : 

    Je ne demande pas l'épreuve,

    Je cherche la rencontre;

    Si la rencontre doit naître dans l'épreuve,

    Alors j'accepte l'épreuve.

     

    Publié le 25 mai 2010

     


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    Avez-vous remarqué comme il arrive que le monde diurne, celui dit de l'éveil, apparaisse comme la scène d'un rêve ?

    Une certaine après-midi, j'avais un rendez-vous de travail avec deux personnes que je qualifierai sans nulle méchanceté d'un peu épaisses, et dont les préoccupations ordinaires sont de l'ordre du bien-être matériel. Ce que les anciens gnostiques appelaient : hyliques. On dirait aujourd'hui "matérialiste".

    Il était près de 14 heures, et ce jour de mai était une vraie bénédiction. Comme si le ciel baignait la Terre. Tout était tiède et doux, loin du Temps.

    Nous avons garé la voiture dans un petit chemin qui finissait en cul de sac, et qui bordait un château reconverti en centre de méditation.

    Bien que ce chemin soit communal, les occupants de ce château en prennent soin, le revêtent d'un petit gravier rose et s'y promènent.

    Dans le parc du château dont les portes et les fenêtres étaient ouvertes, une femme était assise sur un banc de pierre et lisait.

    Une vraie mise en scène de film.

    J'étais avec ces gens pesants, qui parlaient d'argent, et non pas d'or. Tels des intrus dans cette paix, nous descendons de la voiture. Un panneau portait une inscription, que ma voisine lut à voix haute en gloussant d'incompréhension (elle est bien bonne) : "Le chemin est facile à qui n'a pas de préférence".

    Les portières claquent. La femme redresse la tête et nous regarde. Nous partons voir ce qui nous a amenés là.

    Au retour, lorsque nous sommes montés dans la voiture, elle a refermé son livre, s'est levée, a esquissé un mouvement vers nous, comme si elle avait quelque chose à nous dire, quelque message venu d'un autre monde, mais déjà nous étions repartis vers le banal.

    Ça m'est toujours assez facile d'aller et de partir, car j'ai peu de préférences.

    Cependant, une partie de moi est restée là-bas, dans ce chemin, cette scène. Car il fallait que je sache ce qu'elle avait à dire, peut-être la clef qui me manque encore, le titre du livre qu'elle lisait, une pensée qui lui serait venue.

    Un peu de moi laissé là-bas, comme l'oiseau laisse un peu de son duvet au chardon qu'il croise. La légère blessure de ce qui, peut-être, a été manqué.

     

    Texte publié le 14 juin 2012

    Bye les amis, je m'absente quelques jours.


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