• Dimanche matin, une tourterelle turque (Streptopelia decaocto) vint collecter de vieilles graines à germer que j'avais jetées depuis une fenêtre quelques jours plus tôt.

    Prudente, elle mit du temps à approcher de la vitre derrière laquelle, passant par hasard, je l'observais, immobile.

    Du coin de l'œil, je voyais aussi l'une des deux corneilles (Corvus corone) qui ont établi une base au sol vers la maison. A vérifier, mais il y a bien quarante mètres. Cinq à dix mètres de l'un des emplacements favoris du chien, mais lui ne les inquiète pas.

    Elle vint presqu'à toucher le mur, toujours sur le qui-vive, mais elle vint.

    Jamais les corneilles ne feraient une chose pareille. Si j'ouvre la fenêtre, ou si j'approche à moindre distance, elles s'envolent instantanément.

    Ce genre d'observation me fascine : d'où vient cette différence d'appréciation du danger ?

    Comment ce qui est tolérable pour une espèce peut-il être intolérable pour une autre ? Ces deux espèces et ces deux individus sont sauvages, et aussi vulnérable l'une que l'autre à une flèche ou à des plombs.

    Un constat sans rapport qui me vient de mon père chasseur : si je n'ai vu qu'une tourterelle et qu'une corneille, c'est que les conjoints couvent. Jamais bon d'en voir une paire à cette saison.

    Il y aura des petits, les uns plus farouches que les autres.

    Une curiosité : farouche et féroce qui ont presque la même prononciation, la même structure, et un sens proche n'ont pas la même origine. Le premier vient du mot latin forasticus, qui vit à l'extérieur, étranger, (foris désigne une porte, comme dans carrefour, et foras l'extérieur),  le second d'une racine indo-européenne, ǵʰweh₁r-,  qui a donné aussi le mot "fier" désigne une bête sauvage. Grrr.

    Farouche n'est pas féroce. Il manque un mot en français, un substantif pour qui est farouche. Farouchité, c'est pas très seyant. Ou les zoreilles pas zabituées ?

     

     





    7 commentaires
  • EXPLOREZ-UN NOUVEAU MONDE !

    Explorez !

    Telle est la nouvelle injonction de nos maîtres. C'est le printemps. Les affiches fleurissent dans tout le centre de la France. L'énergie bouillonne. Il faut la canaliser.

    Le peuple doit trouver des exutoires.

    Il calme ses pulsions sauvages devant des films monstrueux et pervers, dont le moindre ferait s'évanouir de terreur nos ancêtres. Il sait tout sur tout.

    Abreuvé à longueur d'année, sur son canapé, des mystères dévoilés de la nature, puisque la plus infime bestiole est filmée jusque dans sa défécation et ses accouplements par des chaînes spécialisées, que reste-t-il à lui proposer ?

    Fin connaisseur de la nature humaine par le biais des polars et des magazines de psychologie, au fait de tout ce que la science veut bien lui dévoiler des secrets de la matière, fatigué des films de cul - on a beau s'échiner à inventer toutes sortes de variantes et de combinaisons, c'est quand même répétitif -  et trop fauché pour le restaurant en famille, l'homme s'ennuie.

    C'est bien embêtant.

    Certains songent. S'absentent. Rentreraient en eux-mêmes si on n'y prenait garde. On n'a pas abattu les religions et les centres des Mystères et construit une immense muraille pour laisser s'installer de nouvelles fissures.

    Alors voilà, c'est simple. Jules Verne y a mis la première main : Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune, Mille lieues au fond des mers, c'est captivant.

    Captivant. Au sens propre. On a enfermé des générations d'enfants dans de merveilleux décors de carton-pâte,  des ciels peints sur la voûte, des êtres fantastiques aux pouvoirs étonnants, des monstres écumants, de belles princesses, des rebelles magnifiques et des salauds inconcevables.

    Aujourd'hui, la planète est hérissée d'antennes mais aussi couvertes de parcs de loisirs. L'oisiveté n'est plus grosse de tous les vices, elle est l'occasion de s'emplir de vent et de sottises préfabriquées. Du sur-mesure.

    En Auvergne, à Vulcania, on peut jouer à se faire peur, tout en apprenant. Quoi ? Rien. Mais ça passe le temps.

    Les églises fermées ou souillées, vides ou visitées à la hâte après (ou pendant) le hamburger, le peuple a quand même besoin d'un peu de ce frisson qui saisissait ses aïeux aux tripes, et le laissait sans voix.

    Le Christ étant hors d'usage après qu'un artiste talentueux l'ait trempé dans la pisse et que les femen s'en soient servi comme d'un sextoy, le Dalaï Lama pas mal fripé après 40 ans de bons et loyaux services, restent les indiens d'Amérique du Nord, réputés pour leur sagesse et leur air mystérieux, et les prêtresses vaudou, capables de te transformer n'importe qui en hamster ou en gremlin. Les gens connaissent ces personnages familiers  qu'ils ont vu au cinéma. Les enfants adorent.

    Le temps d'épousseter le mot "Sacré", avec la majuscule, s'il vous plaît, et voici l'homme en plein mystère. On le confortera dans l'idée que la nature est très puissante, que nos ancêtres en avaient peur, avec raison, mais que nous, enfin, pas eux le populo canalisé, contrôlé à l'aller et contrôlé au retour, mais Eux, nos Maîtres ont entre leurs mains le pouvoir des Dieux. 

    Explorez !

    Prends-ça, petit homme, et carre-toi le profond, pour ne pas l'oublier : tes Maîtres sont investis d'une puissance redoutable, presqu'inconcevable. Tu n'as nulle part où aller, nulle part où oublier qu'ils t'observent et te filment pendant que tu défèques ou que tu t'accouples.

    Il n'y a d'autre Dieu que ces dieux tout-puissants.

    C'est ainsi que les foules hypnotisées, extraites règlementairement et provisoirement des bureaux et des dortoirs, de leurs cantonnements où on les abreuve d'injonctions chôment le septième jour, pare-chocs contre pare-chocs sous l'œil glacé des troupes armées, pour aller se prosterner devant les idoles.

    Coca Light pour communion, amendes et tickets d'entrée en guise de quête, franglais en place du latin, au fond rien n'a changé depuis mon enfance.

    Le troupeau va où on l'envoie, suivant les balises GPS, broute le foin qu'on lui distribue et s'estime content si c'est le mec qui venait de le doubler qui s'en est pris une.

    Il y a pourtant d'autres chemins, d'autres montagnes, et d'autres gouffres à explorer. De vraies montagnes, de vrais sentiers, de vrais abîmes, de véritables profondeurs à sonder, des monstres à débusquer, à reconnaître, puis à connaître, des cieux où voler, des mondes à découvrir et des alliances à nouer. Car nous ne sommes pas seuls. Jamais. 

    C'est en dedans, que ça se passe. C'est exactement à l'opposé de ce que l'on nous propose, auquel il suffit de tourner le dos. C'est exactement là que les issues sont barrées. Sur la porte des coulisses du théâtre, comme dans "les sept boules de Cristal", qu'on devrait lire et relire sous toutes ses coutures est plaqué un panneau : Entrée interdite.

    Alors que Haddock est aveuglé par ses passions animales primitives, Tintin l'enfonce. Suivons-le.

    La connaissance est interdite et réputée dangereuse. La connaissance ? Il n'y en a qu'une. La connaissance intérieure, ou, autrement dit, l'inventaire intégral et patient de chaque pièce du robot.

    Quand tout sera connu, plus rien ni personne n'aura de pouvoir sur QUI JE SUIS, qui s'y trouve enfermé, avec une drôle de ménagerie.

    Pendant que les foules courent et s'agglomèrent, faites comme Tintin : explorez les voies secrètes.

    Ce n'est pas le seul chemin qui reste, c'est, ça a toujours été et ça restera le seul chemin possible.

     





    5 commentaires
  • Sacrifier, selon l'étymologie, c'est rendre sacré, c'est-à-dire : séparé, coupé, hors d'atteinte.

    Pour avoir connu quelqu'un qui se plaignait volontiers de s'être sacrifié pour ses enfants qui, évidemment ne lui rendaient pas assez la monnaie de la pièce qu'il disait avoir investi, je suis assez sensible à ce que recouvre ce mot.

    Sacrifier, c'est renoncer volontairement à une chose tangible, dans l'espoir, l'attente d'une chose intangible.

    C'est quand même toujours plus ou moins intéressé. Un père ou une mère qui économise pour offrir à ses enfants des études onéreuses, c'est bien. Pour les enfants, mais pour les donateurs aussi, d'une façon ou d'une autre, pour toutes sortes de retombées.

    Les fidèles de toutes les divinités sacrifient à tour de bras. 

    Il est toujours plus facile de sacrifier les autres.  Boucs, chevreaux, bœufs, colombes, enfants. Parfois la divinité exige beaucoup : le premier-né.

    Toute la tradition chrétienne, jusqu'à René Girard, a bien vu que la passion du Christ est un renversement total des petitesses cachées derrière la plupart des sacrifices.

    Ce qui est montré, et demandé aux hommes, c'est de renoncer à se cacher, à utiliser les autres à leur profit ou comme bouclier (bouc lié), et à s'exposer en pleine lumière.

    Avant sa passion, le Christ avait nettement dit cela, dans le seul épisode violent que les textes lui imputent :

    Jean 2/14: Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
    15  Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs,
    16  et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » 

    Ce n'est pas le commerce, qui est en cause; le commerce est un échange nécessaire à tous les hommes.

    Ce qui est intolérable, c'est de croire que l'achat puis l'étouffement ou l'égorgement de bestioles innocentes va laver les fautes, les erreurs, les saletés.

    Croire qu'il est possible de se refaire une virginité à bon compte, de "donner le change" sans passer soi-même sous la douche.

    Mais croire que s'infliger à soi-même toutes sortes de tortures permettra d'obtenir la bienveillance de Dieu en retour relève également d'un calcul sordide.

    Ce qui se paie est sans valeur, et tromperie.

    Si vraiment Dieu est Amour, l'Or qui s'acquiert par calcul est mensonge, boue et cendres.

     

    Car l'Amour est donné gratuitement.


    1 commentaire
  • Ma mère m'avait acheté une tenue neuve, impeccable, et mon père un vélo.

    Va, mon fils, découvre le monde à la sueur de ton front, dit-il, sans prendre garde à la pluie.

    Quand je rentrai, mon pantalon était couvert de boue, et ma veste ruisselante.

    Ma mère cria, mon père se tut.

     

     





    9 commentaires

  • 4 commentaires




  • 1 commentaire
  • Je vois que certains voudraient ne plus fumer, mais n'y parviennent pas. Je n'ai aucun conseil à donner, aucune méthode miracle.

    Je veux seulement dire comment moi, j'ai arrêté le tabac, il y a maintenant trente ans; peut-être que ça peut aider quelqu'un ?

    J'avais compris une chose simple : fumer est avant tout un geste oral. La fumée emplit d'abord la bouche.

    J'ai donc cherché un substitut oral. Mon choix s'est porté sur un ustensile bon marché : une brosse à dents, et son accessoire indispensable : un tube de dentifrice. Dans une poche.

    Rien d'autre. Chaque fois que je ressentais l'envie de fumer, où que je me trouve, j'allais me laver les dents. N'importe où, pourvu qu'il y ait un robinet d'eau. C'est tout.

    Je ne me souviens plus du délai qu'il a fallu pour conjurer ce sort, mais j'y suis arrivé. Pas plus d'un mois pour faire le plus gros du boulot, c'est sûr.

    Bien sûr, si vous continuez à boire des litres de café et des petits calva, autant ne rien changer, car ces trois démons marchent ensemble.





    7 commentaires




  • 2 commentaires
  • Une destinée pas ordinaire dans un contexte passionnel et hostile. C'est long, mais...

    N'oublions pas pour autant toute la complexité du monde.

     

     





    4 commentaires
  • C'est arrivé il y a deux ans, durant l'hiver.

    Je roulais sur une petite route qui traverse une grande forêt. J'aperçus des gilets orange fluo qui salissaient l'orange dansant et varié du fond de toile. Des chasseurs, que je dépassai.

    Soudain, j'entendis un énorme coup de feu, tout proche, dont le bruit m'écrasa sur mon siège, et deux ou trois chevreuils jaillirent comme des fusées du côté droit de la route.

    Statufié, je roulais sur ma lancée, presqu'incapable de réaction, tant les choses allèrent vite.

    L'un des chevreuils était exactement sur ma trajectoire. Je vis dans son œil gauche écarquillé que dans sa fuite éperdue il venait de repérer un nouveau danger : moi et ma lourde carlingue qui lui venaient droit dessus.

    C'est alors que je me dissociai.

    D'un côté, un être froid et brutal, qui pensait déjà à ce qu'il allait dire aux chasseurs, à ce qu'il allait savamment contrôler de sa venimeuse colère, à la tôle froissée, au constat, à la déclaration d'assurance et à toutes les incidences du choc imminent. Je leur ferai payer cher cet attentat.

    De l'autre, un cœur fondant, déchiré, qui pleurait sur la détresse et ressentait intimement, comme un profond labour, la peur panique de cette bête pantelante en proie à une horde de démons incompréhensibles et féroces, jetée d'un coup dans un monde sans issue ni secours.

    Relâchai-je insensiblement la pression de mon pied sur l'accélérateur ? Réussit-il, en une ultime torsion, à esquiver de quelques centimètres le bolide que j'étais ?

    Il n'y eut pas de choc entre la machine aveugle et cet organisme brûlant et fragile qui réussit à s'échapper, pour cette fois.

    Mais un impact indélébile en mon souvenir, une étoile sur la vitre de mon âme.

    Je suis le lieu de deux êtres, l'un de glace, l'autre d'amour irradiant, en complète opposition.

    Il faut maintenant vivre avec cela.

     





    7 commentaires
  • C'est moi qui ai écrit ça en janvier 2010*, j'en reviens pas:

    "Lorsque j’aligne mes planètes,

    Je suis Un seul système,

    Droit comme un I

    Je fais

    Ce que je dis selon ce que je vois

    Je vois

    Ce que je fais

    Je pense

    Ce que je dis

    Je dis

    Ce que je vois, comme je le pense

    Je suis

    Ce que je pense

    Je suis

    Ce que je dis

    J’aime

    Ce que je fais, ce que je pense, ce que je dis, comme je le dis, comme je le fais,

    Et je fais

    Ce que j’aime, comme je pense, comme je suis

    Avec tous, comme je suis

    Dans l’amour

    JE SUIS"

     

    En fait, je m'en souviens très bien, d'avoir écrit et vécu ça. Il y a des jours comme ça. Avant de redescendre,  bien sûr.

    Monter, descendre.

    C'est la vie.

    Tous les ascenseurs font ça.

     

    * que je viens de retrouver en me baladant sur News of Tomorrow.

     





    5 commentaires
  • Un grand type, pétillant d'intelligence, de talent, et, on l'entend ici, d'humour.





    1 commentaire
  • Une curieuse convergence j'ai eu avec Monsieur Dieudonné.

    D'abord, je dois dire que, dépourvu de télé, de journaux et de radio depuis longtemps, j'ignorais presque qui était Dieudonné.

    C'est à monsieur valls, que je dois sa découverte. Qu'il en soit remercié. Je suis à chaque fois surpris par l'intelligence, la drôlerie et la pertinence de ce mec (je parle de Dieudonné, évidemment).

    La convergence, la voici. J'ai écrit un texte il y a quelque temps, au plus fort du bombardement nucléaire contre Dieudo. J'y trouvais des points de comparaison entre le Christ et lui. "Toutes proportions gardées", écrivais-je.

    Il y a quelques jours, j'ai vu une vidéo publiée sur le blog de Paul, un condensé d'un spectacle de Dieudonné, dans lequel il fait le même parallèle entre le Christ et lui, "toute proportion gardée", bien sûr, précise-t-il.

     

     

    Bref, j'ai reproduit exactement le même constat, avec les mêmes mots, à 10 ans d'écart, alors que je n'avais jamais vu ce spectacle, ni aucun autre spectacle de Dieudonné.

    Comme si j'avais sauté à pieds joints par delà le temps et l'espace pour puiser à la source.

    Je me fous des sceptiques qui hausseront les épaules : je n'ai rien à vendre, à prouver, rien. Juste signaler cette curieuse convergence à celles et ceux qui savent que le monde a un envers, d'un autre poids que la face visible.

    Voilà, c'est fait.

    Maintenant, place au maestro : 

     





    8 commentaires
  • Si la bonne ment et que le garçon de salle s'y fie, qu'alors y faire ? disait mon papa, fin humoriste du siècle passé. Et si t'es gay, ris donc.

    Ça y est : j'ai réussi, grâce aux conseils zavisés de Mme Yog, à activer les zabonnements. Oufque. Il faut juste s'inscrire à la Niouzletter pour être prévenu des textes qui paraissent*.

    Aux blogs amis : le temps que je mette vos liens, et ce nouveau blog aura à peu près l'air d'un vrai blog.

    * J'ai lu que le moteur de recherche BING a décidé d'opérer une sélection des blogs sur le critère de l'orthographe. Avec deux phrases pareilles, c'est sûr, chuis refoulé. Snif.


    7 commentaires
  • Elba ayant sorti du placard une diatribe écrite il y a quelques années à propos du vote, je tiens à préciser que j'y apporte un sérieux bémol en ce qui concerne les maires, et, en particulier, les maires des petites communes rurales, qui eux ne sont pas a priori des hommes politiques.

    On sait qu'avec le proxénète l'homme politique "professionnel" est l'un des étrons de l'humanité. Quand je pense que ces pourritures se promènent dans la foule dans le seul but de serrer des mains, et d'ainsi contaminer les gens les plus crédules, leur inoculant ainsi tous les vices dont ils étaient encore indemnes, j'en frémis.

    Revenons à nos moutons, les maires des petites communes rurales. J'en connais un certain nombre.

    Leur principale caractéristique est d'être avant tout des bipèdes ordinaires. En tant que tels, et comme vous et moi, ils sont sensibles à la flatterie, aux honneurs, sont faillibles et limités par leur intelligence, leur culture, leurs aptitudes, leur évolution morale et spirituelle, leur état de santé psychique et physique : ce sont des hommes.

    Ils ont donc aussi, ou peuvent avoir, puisque personne n'est totalement mauvais, les qualités qu'on peut attendre des hommes : bonne volonté, endurance, courage, désintéressement, j'en passe.

    Si on peut soupçonner l'homme politique "professionnel" de n'être que le minable margoulin d'un parti unique : le sien, ce que l'actualité confirme un peu plus chaque jour, avec son lot de crasse, le maire rural est le plus souvent une sorte de chevalier au service de sa dame : la commune où il vit, qu'il aime, et qu'il veut voir belle et heureuse.

    Pour en connaître quelques uns, j'atteste que ces gens-là font un travail de dingue, quarante, cinquante heures par semaine, le jour comme la nuit, règlent tous les problèmes, se font souvent des ennemis de gens qu'ils essaient d'aider, sont appelés, comme les gendarmes et les pompiers, sur tous les incidents ou accidents de la vie communautaire, et portent sur leurs épaules des responsabilités qui parfois peuvent les terrasser.

    Oui, bien sûr, il y en a d'obtus, il y a des petits tyrans bêtes et méchants, mais au siècle de l'égoïsme, où chacun ou presque prend ce qu'il peut prendre sans rien donner en échange, je les salue, du fond de mon coeur. 

    Moi qui serais incapable d'une telle constance dans le don de soi, je salue ici l'opiniâtreté qu'ils mettent dans le service des autres.

     

     





    5 commentaires
  • Ma vie est au point mort, dit-il. Il ne se passe rien, c'est désespérant.

    Nous marchions dans ce pré. Nous croisâmes un ruisseau, et le suivîmes sur quelques mètres. Sa surface jonchée de brins d'herbe sèche était totalement immobile et reflétait le ciel pâle.

    Toute vie en semblait absente.

    Soudain, plus haut, dans un clapotis, nous vîmes un filet d'eau qui coulait d'une buse en ciment.

    Je revins sur mes pas. C'était bien le même ruisseau. Où passait donc cette eau courante ? Y avait-il une dérivation ? Non.

    Je descendis plus bas, et vis que l'eau courait là-aussi.

    Tout simplement, sur quelques mètres, le filet vivant s'était enterré, et coulait sans agiter la surface pour réapparaître plus bas, limpide.

    Alors je le hélai : Regarde, c'est simple. La vie ne cesse pas. Jamais. Parfois elle s'enterre, et coule en profondeur, sans se laisser apercevoir.

    Cesse de te croire oublié. Descends, et tu trouveras le mouvement secret.

    D'ailleurs, la Terre et le système solaire foncent à une vitesse folle dans l'univers sans que nous en soyons conscients, sans que ça dérange une seule mèche de nos cheveux.

     


    6 commentaires
  • Merci à Lléa pour ceci, et bonne journée à tous :

     

     


    2 commentaires
  •  

    Koella. Freddy.

     

     

     





    7 commentaires
  • Le lombric est un tuyau qui fouille la terre. Il l'avale par devant, la rejette par l'arrière. Cet engloutissement le nourrit et le propulse en même temps qu'il aère la structure de ce mélange minéral, végétal et bactérien qu'est l'humus. Le lombric est indispensable.

    L'homme terrestre est un autre lombric, qui fouille un autre mélange. Le matin, ses viscères le sortent du lit où il s'est oublié un temps, et le propulsent vers l'aspirateur à déchets. Une fois vide, il doit s'emplir à nouveau, et pour cela, se livrer à des activités (passivités conviendrait peut-être mieux dans la plupart des cas) qui l'absorbent (le mot est bien choisi) jusqu'à ce qu'il s'effondre à nouveau dans l'oubli.

    C'est une journée d'homme terrestre.

    Bout à bout, ces jours forment une existence dont l'homme est souvent fier, quand il se raconte. J'ai fait ci, j'ai fait ça, j'ai été ci et ça, je suis allé ici et là.

    Comme un lombric. En avalant et chiant la matière qui se trouve devant lui, se propulsant d'un jour à l'autre.

    Sur sa tombe, deux dates. Rien d'autre. Que peut-on retenir d'une existence de ver ? Marié ? Et alors ? Des enfants ? Lombrics ? Changé la face du monde ? En faisant son trou ? Directeur, président ? Misérable ? La différence ?

    Quand on feuillette le cahier, on ne voit rien. Que des pages blanches.

    Mais il y a un autre registre :

    "Puis je vis un grand trône blanc, et celui qui était assis dessus. La terre et le ciel s'enfuirent devant sa face, et il ne fut plus trouvé de place pour eux. Et je vis les morts, les grands et les petits, qui se tenaient devant le trône. Des livres furent ouverts. Et un autre livre fut ouvert, celui qui est le livre de vie. Et les morts furent jugés selon leurs oeuvres, d'après ce qui était écrit dans ces livres. La mer rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le séjour des morts rendirent les morts qui étaient en eux; et chacun fut jugé selon ses oeuvres.…" (Apocalypse 20, 11 à 13)

    C'est là qu'est inscrit ce que l'homme a changé en lui, ce qu'il a laissé changer, ce qu'il a accepté de laisser changer. Ses œuvres, ce qu'il a laissé s'opérer en lui.

    La date de naissance qui y est inscrite, c'est la date de sa nouvelle naissance. Après qu'il ait enfin accepté de mourir. Car comment renaître si on n'est pas mort ? Comment naître deux fois ?

    C'est ce qui fait de lui un homme, l'Homme Céleste, et non plus un simple ver fouisseur.


    votre commentaire
  • Merci à Zwyn de m'avoir transmis ceci : 


    12 commentaires




  • 2 commentaires

  • 3 commentaires
  • M'en vais, quelques heures, loin de l'écran, plus près de moi, peut-être.


    votre commentaire