• Hergé, renseignements généraux

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    Réédition d'une série de 3 articles publiés en juin 2010 :

    Peut-être connaissez vous ma passion pour l’œuvre de Monsieur Georges Remy, dit Hergé, et en particulier pour le cycle des aventures d’un dénommé Tintin ? Oui, bien sûr, j’appartiens à la génération qui attendait avec impatience chaque nouvel album. J’ai souvent lu et relu, découvert les analyses, exégèses, biographies tout au long de mon existence, sans être un spécialiste comme on en trouve dans plusieurs associations, qui ont recensé tous les boutons de porte.

    Un beau jour, j’ai plongé le nez dans un livre d’un certain Bertrand Portevin , et là j’ai coulé à pic. J’en suis à trois lectures. Os court, Portevin m’a tuer. Le sens profond, l’âme de l’œuvre passionnément mais respectueusement mise à nu, par un travail impressionnant et toujours drôle. Respect.

    Je respecte tant et j’ai tant été convaincu du bien-fondé de sa lecture, et de la véritable voie que ça ouvre à tout Amoureux de Sapience, que j’ai cherché à approfondir à mon tour certaines images, tirées en particulier d’un album : « Le Crabe aux pinces d’Or ». Pourquoi celui-ci ? A la suite d’un rêve dans lequel je descendais sur terre avec un personnage brun et frisé nommé Dario Carabo. Lors d’une relecture ultérieure et générale des Tintin, j’ai vu que Karabo se trouvait inclus dans le nom du bateau du capitaine Haddock à sa première apparition : le Karaboudjan. Et que mon personnage ressemblait beaucoup au Tintin grimé en mendiant qui guette Allan dans les rues de Bagghar, mais aussi lorsqu’il accompagne en tant que son neveu Alvaro le marchand Oliveira da Figueira chez le Pr Smith, alias Müller (dans l'Or noir).

    Depuis, je lis et relis cet album en particulier, et je crois avoir déjà réussi à en tirer un peu de moelle. Cela dit, je n’ai pas l’ambition de me comparer à Portevin, qui me dépasse de cent coudées, et que je ne remercierai jamais assez pour son splendide travail. Je dois préciser que Portevin démontre d’une manière éblouissante que toute l’œuvre est basée sur le symbolisme de la franc-maçonnerie et du Grand-Œuvre alchimique.

    A ce point, je dois préciser (une fois de plus) que je n’ai aucun lien avec cette mouvance, mais que l’étude du symbolisme amène nécessairement dans ses parages. Je voudrais également dire qu’il n’y a (à mon avis) aucun point commun entre les vrais maçons au cœur pur dont était l’ami Hergé, et le grand guignol sataniste qu’on nous montre partout. Pas plus qu’avec les assemblées de gorets avides de pouvoir et de relations qui fraternisent ou s'empoignent autour de la marmite. Encore une fois la Bête a souillé et singé le meilleur pour en tirer le pire.

    Hergé était un homme ardent et vulnérable, d’une discrétion totale, souvent dépressif et révolté, comme son héros Tintin, par l’injustice, qu’il a combattue toute sa vie par son œuvre, laquelle a insufflé de la lumière dans des millions de cœurs d’enfants. Sans lui, le monde serait aujourd’hui encore plus obscur.

    Il y a eu, il y a, il y aura des polémiques autour de l’œuvre. Récemment, des noirs demandaient l’interdiction de Tintin au Congo*. Pourquoi pas ? Demain, on retirera Coke en stock sous la pression des Arabes décrits en marchands d’esclaves. L’album qui risque d’être retiré en premier, c’est Tintin en Amérique, dans laquelle un Hergé qui commençait à voir les choses comme elles sont décrit l’histoire et la mentalité américaines en moins d’une page : A la page 28, Tintin vient de découvrir du pétrole. A la première case de la page suivante, il dit : « Personne pour capter cette fortune liquide ! ». Moins de dix minutes plus tard arrive un premier chacal, contrat en main, puis deux, puis quatre autres, et les offres passent de 5 000 à 100 000 dollars en un clin d’œil. Tintin répond que le puits de pétrole ne lui appartient pas, mais aux Indiens Pieds Noirs. « Vous n’auriez pas pu le dire plus tôt ? » rétorque un businessman pendant que son complice donne vingt cinq dollars au chef indien, en lui disant : « Vous avez une demi-heure pour faire vos paquets et quitter le pays ». Une heure après, l’armée chasse les derniers indiens qui partent avec leurs baluchons. L’heure suivante, arrivent des matériaux et des architectes. L’heure suivante, la Petroleum et Cactus Bank a ouvert ses portes, et le lendemain matin, la prairie est devenue une ville. Le tout en onze dessins. Bertrand Portevin signale qu'Hergé a fait encore plus court : page 1, case 1 : un flic en uniforme fait le garde-à-vous à un bandit masqué, armé, traînant le fruit d'un hold up. Tout est dit : pays de voleurs et de corruption.

    Hergé disparu, l’affaire devient un gros business, et les loups d’Hollywood rappliquent. Tintin va probablement être métamorphosé en un allié des forces du bien, celles des gentils blancs. C’était un peu la vision simpliste d’Hergé dans Tintin au Congo (« Quels as, ces missionnaires »), mais elle a très vite évolué. La lecture successive des albums montre bien que dès ce premier album en couleurs tous les thèmes hergéens étaient présents, et même l’infâme Rastapopoulos, mais que la pensée de l’auteur s’est régulièrement affinée, épurée, en même temps que son être profond. Pour moi, et ce n’est que mon avis, le premier album dans lequel Tintin a cessé d’être un justicier pour devenir un Juste, c’est « Le Lotus bleu », qui est le quatrième album en couleurs.

    Si dans Tintin en Amérique il expose la cruauté des blancs, ses Indiens sont encore plus ou moins collectivement des crétins. Mais c’est la dernière fois. Dans tous les autres albums, les populations indigènes seront différenciées, et chaque personnage aura une vraie texture plus ou moins complexe.

    Voilà, cette rapide présentation est terminée, il existe une foule d’ouvrages sur Tintin, dont entre autres l’œuvre indispensable de Serge Tisseron et celle de Benoît Peeters.

    Mais mon dessein n’est pas de retracer la vie et l’œuvre de Hergé. Il est de vous exposer ce que j’ai pu tirer de l’examen attentif de la page de l’album «Le Crabe aux Pinces d’Or ». Ce que j’ai fait là, avec un peu de familiarité avec la langue des Oiseaux, chacun peut le faire à sa manière. L’œuvre est voilée mais ouverte. Chacun peut venir y boire, et y trouver de la substance. Au fond, Hergé continue la grande tradition d’Apulée, de Rabelais, de Cervantès, de Dante, mais son travail est beaucoup plus facile à ouvrir pour des gens du XXIème siècle, surtout – et c’est un préalable indispensable si l’on veut effectivement passer à la pratique – lorsqu’on a lu Portevin **.

    Je voulais seulement vous montrer en quelques pages ce que l’on peut tirer d’un seul album en prenant la peine de le lire, de le relire, de le méditer, en quelque sorte, de laisser monter le sens de ses images ou de séquences d'images parfois quasi oniriques et de passer un peu au-delà de la surface. Montrer qu’il y a bien un fil, une rivière souterraine qui traverse l’œuvre.

    * Concernant « Tintin au Congo », la position de Patrick Lozès qui demande l’ajout d’un texte expliquant la vision paternaliste qui prévalait à l’époque me paraît juste, mesurée, intelligente.

    ** J'ai écrit ces trois textes en juin 2010; soucieux de ne pas raconter n'importe quoi, je les ai soumis au maître, dont j'ai fini par trouver l'adresse, qui les a lus et relus, dit-il, avant de me donner l'imprimatur. Il semblerait même que j'ai fait quelques vraies trouvailles. Elle est pas belle, la vie ?

    *** Pour finir, si vous voulez comprendre de quoi je cause, il vaudrait mieux que vous ayiez à portée de main l'album "Le crabe aux pinces d'Or", car les gens qui détiennent les droits de l'oeuvre sont particulièrement féroces, leur alchimie personnelle paraissant surtout basée sur l'or d'ici bas, et il m'est difficile d'illustrer mes propos.

    Donc, si ça vous dit, rendez-vous prochainement pour un travail d'archéologie.





  • Commentaires

    1
    elba
    Mercredi 30 Avril 2014 à 14:08

    Ca fait un bout de temps que je me dis qu'il faudrait que je relise les tintin de ma jeunesse (je n'ai pas tintin au Congo, malheureusement, et il m'en manque d'autres.) Ils sont bien rangés dans mes étagères et je crois bien que je ne mens pas si je dis qu'il y a bien trente ans que je ne les ai pas relus, ni même feuilletés.


    Il y a tant de lectures (et relectures) intéressantes à faire par ailleurs que je ne sais plus où donner de la tête, parfois !


    Et puis, le net nous donne encore l'occasion de lire...


    Alors voilà : grâce à vous, je me suis décidée, et j'ai ressorti "le crabe aux pinces d'or" sur ma table de salon... wink2 Vous m'avez donné l'envie de me replonger vraiment dedans.


    Bisou, VJ.

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    2
    LLéa
    Mercredi 30 Avril 2014 à 20:01

    ^^

    Coucou,

    Merci Jade, mais cesse de me stresser!

    Les tintins sont encore dans la grange a foin.

    Ou est ce carton, flûte alors!

    :)))))))

    3
    elba
    Vendredi 2 Mai 2014 à 00:11

    Similitudes, LLéa ? ... J'ai encore des cartons dans lesquels je ne sais pas trop ce qu'il y a... mais pas dans la grange à foin, dans le garage.


    Et puis toi non plus tu n'as pas mis le nez dans les tintin depuis longtemps, on dirait...


    Ayé pour moi : j'ai commencé à mettre le nez dans le crabe aux pinces d'or. Mais vu mon cerveau lent, j'en ai pour un moment à me creuser la tête... yes Heureusement que VJ il nous essplique un peu tout ça !! sarcastic


    Bises. Et petit brin de muguet porte-bonheur pour toi... qu'est-ce que ça sent bon, ce muguet blanc et vert !!! Et puis, c'est tout joli aussi !


    4
    LLéa
    Samedi 3 Mai 2014 à 18:21

    Bonsoir Elba,

    Merci.

    Capiteux. Toxique. Associé a la fête tripaliummaine. Date anniversaire symbolique de A. Weishaupt.

     

    Discret. Sain. Associé aux odeurs des doigts des mamies. Date anniversaire symbolique de Jade.

    :)

    --------------

    C'est grâce a Jade la "saga" Tintin a été reconstituée. Ils sont encore dans les cartons, bi kose que la vie a la montagne demande beaucoup de d'huile de coude. Les ressortirais pour la maison de retraite. La langue des oiseaux papiers demande une attention très cérébrale. Pour l'instant, ce sont mes amis les oiseaux plumés qui me disent tout! Si, si!

    ;) ;) 

    Bisous a touste, belle soirée,

     

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