• Pour Ayn Rand

    Mon père était un homme cultivé, qui avait lu, dans sa jeunesse.

    Quand j'eus près de 30 ans, et lui 28 de plus, j'essayai de l'intéresser à des continents qu'il ignorait totalement, et qui me passionnaient : Guénon, Jung, l'alchimie, le shivaïsme.

    Peine perdue.

    Quand il se retrouva coincé sur un lit d'hôpital, pour une prothèse de hanche, il lut ou relut Tacite, Hérodote, Rabelais et Montaigne, Alexandre Dumas, d'où il conclut qu'il avait bien fait de ne pas avoir ouvert d'autre livre trente ans durant.

    Les momies parlent aux momies. 

    Il y a mille façons de lire, et des millions de livres. Lire et relire (lege, relege) un seul livre comme le font les Juifs, les Musulmans et les Protestants peut suffire à l'émancipation, comme à l'abrutissement définitif.

    Vivre dans un certain temps, comme le XXIème siècle, et ne pas avoir lu certains livres, alors qu'ils étaient disponibles, c'est presque une faute.

    Permettez-moi de vous conseiller l'acquisition et la lecture des ouvrages d'Ayn Rand, dont j'ai lu deux, à quelques années d'intervalle : "la Source Vive", premièrement, et ces derniers jours :"Atlas Shrugged", d'abord traduit "la Grève".

    Ce dernier, encore plus que le premier, pourtant puissant, inoubliable, étant une bombe à multiples étages.

    Cette œuvre traduite tardivement en français est réputée par la pensée dominante être un hymne au libéralisme, et en justifier tous les excès. Une ode au matérialisme, dit-on aussi.

    Comme on a dit de London qu'il était matérialiste, alors qu'il a écrit l'un des plus beaux livres "spiritualiste" : le Vagabond des Étoiles.

    Ayn Rand, c'est l'Ennemi ultime, pour une gauche parasitaire et pleine de haine, craignant d'être blessée à mort par cette épée de feu, crachant sur elle son venin comme autant d'eau bénite, exactement comme un monsieur valls impuissant tente de conjurer les soulèvements populaires et libertaires grandissants par des accusations frénétiques d'antisémitisme, des mots vides et puants et des descentes de police.

    Dans les deux cas, rien n'est plus faux, rien ne démontre plus clairement la pensée magique. Face à la réalité d'une tempête, rien ne sert de se mettre un bandeau, des boules Quiès et de multiplier les exorcismes.

    Ayn Rand, juive échappée enfant au communisme, réfugiée aux Etats-Unis n'a pas chanté les vertus de la mafia libérale, pourvoyeuse d'injustice et de malheur, comme on le lit ici et là, mais la liberté de faire, la joie d'exister et d'être soi-même qui en constituent l'inverse absolu.

    Il y a là quelque chose de Nietzsche, debout sur la montagne.

     Elle n'a pas dénoncé la générosité ni la complémentarité, mais le vampirisme social, la turpitude et la voracité des incapables et des improductifs, et surtout l'exploitation tant du génie et du travail que celle de la misère par un système politique mafieux de redistribution mis au profit de manipulateurs et de parasites infiltrés à tous les niveaux, toujours plus lâches et plus âpres au gain. 

    La culpabilisation constante des créateurs de richesse, des inventifs, des gens qui travaillent, qui croient à leur utilité, et donnent leur énergie, leur mise sous tutelle, qui se vérifie par exemple aujourd'hui d'une façon évidente par le nombre croissant de fonctionnaires chargés de contrôler un nombre chaque jour diminuant d'agriculteurs, ou par le pillage des peuples par les états et les banques. 

    Elle a un talent confondant et une plume acérée, Mme Rand, réduisant en bouillie dès les premières pages les cervelles habituées aux perfusions de verveine.

    C'est un guide pour les égarés, en ce temps d'appauvrissement planétaire, tant matériel qu'intellectuel. 

    Vous pensez bien que je ne pouvais pas avoir lu un truc aussi énorme (1 255 pages quand même)sans vous en entretenir. 

    Ne vous laissez pas rebuter par ce que le discours officiel, celui des gentils socialistes en dit. Qu'Alan Greenspan est un fervent disciple d'Ayn Rand.   

    L'église catholique se dit et se disait servante du Christ, mais en 1526 fulmina contre la traduction de la Bible en français, pour garder son emprise sur le peuple.

    Loin d'être un hymne à l'égoïsme, c'est un traité sur la liberté, le courage et la purification du désir.

    Un roman passionnant, vivant et éclairant, dont j'aurais pu citer presque chaque page.

    Amis, lisez ce livre, lisez aussi si vous le voulez "la Source Vive", belle méditation sur le génie et la médiocrité, et pensez-en ce que vous voudrez, sans tenir compte de l'avis des promoteurs de la pensée, payés pour maintenir le troupeau dans son enclos.

    Mais, s'il vous plaît, ne faites pas comme mon père qui, à l'âge où il aurait pu renouveler son horizon, et vivre des aventures, a préféré se replier prudemment vers le déjà connu, sous sa tente.  


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