• Sorti le 15 mars 2010

    Tous les repas sont une communion

    Le repas de communion par excellence dans la tradition chrétienne, c’est bien sûr celui du Jeudi Saint, dans lequel le Christ a offert à ses disciples de manger sa chair et boire son sang.

    Ce curieux cannibalisme pourrait receler de nombreuses significations, dont bien sûr celle de l’Eucharistie, symbole de partage.

    Il me semble important de rappeler une interprétation très particulière de cette offre du Christ, celle de l’orientaliste John Allegro qui en 1970, dans « Le Champignon sacré et la Croix » affirmait que le Christ n’était autre qu’un champignon psychoactif, et la Cène un rituel de manducation. 

    Aussi bizarre que paraisse cette thèse, elle est corroborée par le psychiatre américain Andrija Puharich qui en retrouve trace dans des textes égyptiens.

    Rappelons aussi que les shamans sibériens partageaient leur urine entre les participants à leur extase, ce qui découle du même principe et, la muscarine n’étant pas dégradée par la digestion permettait au public de communier de manière atténuée à leur ivresse.

    Revenons à nos repas de fête. Les dieux du Nord festoyaient allègrement, et les banquets d’Odin, où l’hydromel coule à flots sont aussi réputés que ceux de l’Olympe où Ganimède sert le divin Nectar. A ce sujet, notons encore que le divin Soma, boisson du panthéon indou, et l’Haoma des Perses sont fréquemment associés à diverses plantes enivrantes : amanite tue-mouches, ephedra, etc., ce qui renforce la thèse d’Allegro, d’autant que le Soma est parfois décrit comme le fils du dieu du Ciel et de la Terre (http://www.tela-botanica.org/page:soma_haoma).

    Le repas est une occasion de fête et de rencontre. Dans le beau film d’Edouard Molinaro tiré du merveilleux petit livre de Claude Tillier : « Mon oncle Benjamin », à la veille de sa mort, le docteur Minxit donne son dernier repas, y réunissant ses chers épicuriens d’amis. Toutes les occasions sont bonnes de festoyer et faire ripaille. Quel que soit son milieu social, l’homme aime à partager sa chère.

    En cela, il se distingue des animaux tant herbivores (quand ils sont en captivité) que carnivores qui se piétinent et se déchirent autour de la pitance.

    L’homme aime à partager, certes, mais avec ses pairs. La nuance est importante. Les classes et les castes mangent entre elles, jamais ensemble. Il y a pour les différencier la qualité des mets, le prix des menus, et les règles de la bienséance.

    On voit que les hommes réussissent quand même à se comporter comme des animaux, et surtout lorsqu’ils prétendent s’en distinguer.

    Ce qui doit les rassembler, ce sont les agapes, du grec agapè, qui désigne l’amour divin, inconditionnel. C’est peut-être le but lointain, ou un mirage.

    Mais déjà le simple repas quotidien nous rassemble. Le fait de partager un repas permet de mieux se connaître, de s’accorder de l’attention, des attentions, de se parler.

    Et lorsqu’on mange seul, on a encore le choix de prêter attention à ce que l’on fait, de ne pas manger comme un robot en lisant le journal.

    En ce sens, tous les repas sont de communion, ou peuvent l’être. Bon appétit.


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  • Une chanson de Barbara, dans une version plus heurtée, plus amère, presqu'outrancière :

    Si vous voulez comparer, voici une version publique,

    d'une Barbara à la voix déjà cassée par la fatigue,

    mais toujours pudique, minimaliste  :  

     


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  • Les temps sont incertains, mais il serait quand même temps de voir, d'entendre que l'un des plus grands artistes de ce temps, presqu'inconnu, c'est pourtant bien lui :

    Il revient de loin, Guidoni, comme beaucoup d'entre nous.

    Quand j'avais 20 ans,

    un de mes copains est sorti d'un concert où j'étais, moi aussi,

    mais lui, sur une civière.

    Il était mort d'une overdose.

    Un autre a été écrasé par un camion dans sa voiture en panne 

    sous le tunnel de Fourvière.

    D'autres sont morts ou ont été diminués,

         ravagés par la culpabilité, la honte,

    la peur, l'abandon, le désespoir 

    comme nous pourrions l'être tous.

    D'autres sont devenus de petits insectes gris

    apparemment occupés

    de leur seule survie.

    Va savoir pourquoi, certains, comme moi,

    passent au travers ?

    Je crois qu'on les porte, nous, qui avons reçu la force de marcher.

    On les porte, et ils nous aident en retour,

    dans une autre dimension.

    Même les insectes.

    On se porte tous, finalement,

    les uns, les autres.

    A un certain moment, on finit même, je crois,

    par porter les cons et les salauds,

    ceux qu'on a du mal à emporter avec nous,

    qu'on voudrait laisser là,

    tant ils puent, qu'ils sont moches,

    ces pourritures qu'on vomit,

    on finit quand même par les emporter,

    va savoir pourquoi ?

     Peut-être qu'ils seront

    ceux qui nous aideront

    à faire les derniers mètres,

    va savoir ?

    Ceux qu'on hait,

    et qui nous haïssent,

    les dernières pièces du puzzle,

    va savoir ?

    Ce puzzle où tant de pièces

    sont si difficiles à placer,

    notre vrai visage ?

     

     

     


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    Joie

     

    Je crois que c'est Miguel Ruiz qui parle d'inspirer l'air comme si c'était de la joie.

    Vous pourriez essayer, c'est intéressant. Je l'ai fait, assis dans ce coin de ma maison où demeure mon zafu, sous une petite fenêtre de toit par où m'arrivent les chants des oiseaux, l'air doux et la lumière du matin.

    D'abord, j'étais allé voir ce que les cinq petits pieds de tomate non clonés hier plantés pensaient de l'averse nocturne, et tout va bien de ce côté là.

    Assis sur le coussin en demi-lune, si confortable pour les rotules, les pensées parasites tournoyaient autour de mon axe lorsque je pris conscience de mon torse serré, de mon ventre noué, de mes lèvres coupées comme un trait et revins à ma respiration et à ce pépiement incessant qu'inscrivent les peuples de l'air sur la partition du temps.

    Me vint un sourire infime, un mince filet de joie pure, qui s'élargit peu à peu, quand surgirent les images du Bouddha et celles du roi Jaya Varman, ces sourires fins et subtils qui semblent lointains alors qu'ils signent simplement la joie d'être ici, présent, sans poids, sans attache, juste ici, et tout simplement : juste, ici.

    Puis ce sourire s'élargit encore quand je revis mes années de zafu à haute dose, où je ne crois pas avoir jamais laissé naître un sourire, tant s'asseoir sur un coussin de méditation était un acte grave et important.

    Les coins de mes lèvres montaient maintenant franchement vers mes oreilles, et soudain le bouchon de rides horizontales sculptées dans la chair de mon front sauta.

    Y descendit alors la divine liqueur de cette joie qui frappe, telle une mendiante, une lépreuse, à toutes les portes sans être jamais reçue.

    La coupe du Graal, c'est d'abord la coupe des lèvres (il y a peu de la coupe aux lèvres, dit la Sagesse des proverbes)puis celle du cœur, celle du ventre, et toutes celles que sont chacune de nos cellules lorsqu'elles abattent leur muraille.

    Le secret pour allumer un brasier, est vraiment simple : c'est d'utiliser nos allumettes. On en a tous, qu'on a reçu à la descente, mais qui s'en souvient ?

    On est venus ici la joie au cœur, regardez les bébés.

    Si on n'avait pas la joie en nous, nous ne pourrions la connaître ni la reconnaître. La joie reçue en paquetage est destinée à illuminer ce monde obscur.

    Pourquoi la perdre en route, alors que ce film est prêt à s'enflammer à son contact ?

    Comment voulez-vous incendier ce monde qui vous déplaît tant, si vous avez perdu ou oublié vos allumettes ?


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    Guidoni, c'est tellement fort que c'est à la limite du soutenable.

    Un homme frontière. Qui m'a, un jour, sauvé la vie. 

    Pour l'entendre, le recevoir, il faut s'être purifié, comme avant un sacrement.

    C'est un homosexuel. Moi pas. Pas dans cette vie.

    Entendez le hurler le trafic d'enfants.

    Après cela, ne tombez plus dans la simplification.

    S'il vous plait.

    La pureté, l'exigence,

    la lâcheté, la saloperie

    n'ont pas de camp.

    Chaque homme est unique. 

    Cet homme l'est.

     

     

     


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  • Violence et peur

    02072009 031

     

    Violence

    Voici quelques années, lors d’une séance de respiration holotropique dirigée par Bernadette Blin et Francis Lery, l’audition de chants de guerres africains m’a fait puissamment ressentir l’essence de la violence.

     

    Comme les anciens guerriers dont mon sang et mes viscères charrient les mémoires, j’ai dans un premier mouvement voulu me dresser pour résister, faire front, me battre, car telle est notre fatalité : vaincre ou mourir.


    Puis soudain, je me suis senti submergé par une vague d’impuissance : à quoi bon ? Comment endiguer le flot de la mer ? A quoi bon perpétuer sans le moindre repos cette guerre éternelle et sans fin, pourquoi justement ne pas changer enfin le cours immuable de ce fleuve circulaire, et déchirer cette programmation ?

     

    Bien sûr, ici j’intellectualise et je détaille un processus qui fut en fait comme un choc émotionnel, une compréhension instantanée.

     

    J’ai alors accepté, devant la déferlante de détermination qui résumait toute la haine des hommes depuis l’origine du monde, et qui jamais ne sera vaincue par la haine ni par la violence, roulée par les tambours et poussée par les poitrines des guerriers, j’ai accepté d’être vaincu.

     

    Je me suis agenouillé, et j’ai tendu le cou afin qu’il soit coupé. Exit.


    J'ai accepté l'inacceptable.
     

    Depuis, j’ai cessé d’ériger entre le monde et moi les épaisses murailles dont s’enveloppent les êtres.

     

    Et nul ne songe à en profiter. Peut-être demeure-t-il encore quelques ruines de murs. Quelques canons rouillés?

     


    Peur

    Lorsqu’on parle de vaincre la peur, c’est toujours de manière unilatérale : ne succombez pas à vos peurs.

     

    Je voudrais dévoiler une autre tentation que nous devrions également dépasser, après bien sûr l’avoir repérée en nous : celle d’inspirer la crainte, qui vient elle aussi du monde des reptiles dont nous avons le cerveau.

     

    Pour impressionner, rester à distance.

     

    C’est le second visage de la peur, le revers de la pièce.

     

    Et comment renoncer à subir la peur de l’autre, si sans le savoir nous jouissons secrètement de la peur que les autres ressentent à notre contact ?

     

    Seul l’être qui a renoncé à imposer, dominer, maîtriser, choisir, contrôler, seul celui-là pourra un jour espérer vaincre sa propre peur.

    Et tout dans ce monde ne nous pousse qu'à ça : nous défendre, décider, alors qu'en réalité, tout est prédéterminé.

    Le seul libre-arbitre, et il y en a vraiment un, c'est d'accepter l'inacceptable.

     

     

    Publié le 10 mars 2010


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  • Une parole essentielle,

    à écouter de bout en bout, attentivement.

    Une grande Dame.

     

    "Le sexe est de l'ordre de l'espèce, de la mécanique,

    de la gratification, le sexe n'a jamais libéré personne,

    c'est une manœuvre d'abrutissement;   

    ... Eros est électif, est une libération,

    lié aux voies d'éveil,

    contrairement aux religions..."

     


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  • Eclos le 12 mars 2010

    gorges du Tarn mai 2009 039
     

     

    Dans le fracas, soudain
     

    Le Silence éclate


    Comme une bombe


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  • Dans l'élan de la conscience qui croît et s'installe en lui, l'homme parvient un jour à se rendre maître de la parole.

    Auparavant, elle l'emmenait là où elle voulait, l'ignorait, se riait de lui, le désarçonnait.

    Maintenant, fringant, il la chevauche et caracole et multiplie les cabrioles et veut montrer son art.

    Il la plie, la tord, la fait se dresser sur ses pattes arrière sans broncher, et même marcher à reculons.

    Il l'engage dans la bataille et la mène sur tous les fronts.

    Elle porte inlassablement ses messages, ses armes meurtrières et ses bagages.

    L'animal fougueux est passé au service de son maître.

    Il veut vaincre et convaincre, apporter la lumière et l'explication, se rendre précieux et utile.

    L'homme est alors agile et vaniteux, plein de lui-même.

    Le cavalier qui se rend maître de lui-même met un terme à cela, et pied à terre.

    Il entre dans le cercle des veilleurs, se retire peu à peu de la scène.

    Il entre dans l'ordre du silence, et commence à écouter ce qui se tait.

    Au delà du vacarme et du tourbillon, au delà de la parole même en grand habit, le silence vit d'une vie profonde et secrète.

    Il entend les choses muettes, les bruits sourds et devine la vie tapie sous les cailloux gris du chemin.

    Il marche ou s'assied et contemple le monde, indifférent au prestige et au gain.

    Il a libéré sa monture qui court gaiement autour de lui et ils marchent ensemble, comme un seul être.

    Il n'est plus le maître de rien. En libérant sa cavale, il s'est rendu libre des parades, des guerres et des convois. 

    Il est maintenant prêt à faire un pas de plus. 

         


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  • Publié le 9 mars 2010

    5 mars 2010 015 

     

    Je me plais à épeler ton nom :

     

    Hache os et maux

    A chaud émaux

    Lâche eau aime haut

     

    H O M O

     

    Et te dissèque symbole

    A peine issu de ton nombril au firmament

    Coulant de soie

     

    Je suis celle qui de sel t’abreuve

    Je suis l’œil qui te scrute goutte à goutte

    Te délite

    De tes serrements feuille à feuille

     

    Muse Déglingue des brinqueballes des anicroches

    Sur mon ventre de marbre, je sépare, je trie tes fragments

    Mais jamais ne triche, jamais ne permets de s’emparer

     

    L’érosion des cœurs jette les pailles

    Et les montagnes au même vase à la même meule

    Mêle toutes les poussières van de boue

     

    Vautré sali, dans ta tanière,

    Lape le lait empoisonné

    De mes nuits rouges et limitées

    Fausses couches nuptiales

    Reine des couronnes au bouc liée

    Pleine de morgue de grandes orgues dans les poches

    Branches d’yeuses, moche

    Foudres et fouets de ronces

    Vénéneuse morelle noire

    J’inspire le délire j’aspire le mal alternativement

    Sauf envie contraire

    Car je suis libre et ailée

     

    Je déroute et disperse

    La fée mauvaise et maléfique bielle de joie

    Acide et fiel sous les falaises de ta foi

    Je te corromps et tu me crois

    Noir de corbeau plume de jais

    Ta fièvre ruisselle sous mes doigts

    Et fuit la route sous la Lune

    Tu te tords et quand tu appelles

    C’est toujours moi que tu appelles

    Femme de soie perdue pour toi

    Lit de misère là où tu ploies

    Feuilles de lierre de tes deux mains

    Et maintenant ? 

     

    Mais tu ne me connais jamais

    Moi que les piocheurs de cailloux

    Et résonneurs de l’outre mère

    Ont baptisée la Femme Libre

    Ou celle qui clôt de murailles

     

    Et sans moi homme de la terre

    Sable anonyme jouet du vent

    Sans moi qui détruis et instruis

    Tu ne serais jamais resté

    Qu’un petit cochon.

    Un petit cochon.


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  • ... et sa chanson la plus connue, par sa fille Douchka :

     

     

     

     


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  • Voici un petit cadeau qui vient d'arriver dans ma boîte mail, une petite merveille à partager. C'est un texte de Marie Noël :

    "Mon Dieu, je ne Vous aime pas, je ne le désire même pas, je m'ennuie avec Vous. Peut-être même que je ne crois pas en Vous. Mais regardez-moi en passant. Abritez-Vous un moment dans mon âme, mettez-la en ordre d'un souffle, sans en avoir l'air, sans rien me dire. Si Vous avez envie que je croie en Vous, apportez-moi la foi. Si Vous avez envie que je Vous aime, apportez-moi l'amour. Moi je n'en ai pas et je n'y peux rien. Je Vous donne ce que j'ai : ma faiblesse, ma douleur. Et cette tendresse qui me tourmente et que Vous voyez bien… Et ce désespoir …. Et cette honte affolée… Mon mal, rien que mon mal… C'est tout ! Et mon espérance !

    " Voilà, mon Dieu, Vous me cherchez ! Que me voulez-vous ? Mais je n'ai rien à vous donner ! RIEN ! Depuis notre dernière rencontre, je n'ai rien mis de côté pour vous ! RIEN…. Rien ! Pas une bonne action, j'étais trop triste… Rien que le dégoût de vivre, l'ennui, la stérilité…

    -DONNE ! dit le Seigneur.

    -Lasse, chaque jour, de voir la journée finie sans servir à rien … Le désir de repos, loin du devoir et des œuvres, le dégoût de Vous, ô mon Dieu…

    - DONNE !...

    -La torpeur de l'âme, le remords de ma mollesse, et la mollesse plus forte que le remords….

    -DONNE!...

    -Le besoin d'être heureuse, la tendresse qui brise, la douleur d'être moi, sans secours ….

    DONNE !...

    -Des troubles, des épouvantes, des doutes …

    -DONNE !

    -Seigneur, voilà que, comme un chiffonnier, vous allez, ramassant déchets et immondices, Qu'en voulez-vous faire ?...

    -LE ROYAUME DES CIEUX…"

     

    Marie Noel ( Notes Intimes)

     


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  • Et l’Être sans limite, de sa propre volonté, descendit sur l’être limité qu’il avait inventé, sorti du néant, et l’embrassa intimement jusqu’à se fondre en lui en un profond baiser d’amour.

    Et l’être juste sorti de la matière, sa Mère, se cabra sous cette ardente et puissante fournaise. Certains cassèrent, éclatèrent, ployèrent et fondirent sous le poids de cette incandescence.

    D’autres fuirent, détalèrent, se cachèrent dans l’ombre humide et accueillante, parfait refuge, y établirent des colonies où ils connurent mais se turent la honte de l’imperfection, et dressèrent des plans pour y demeurer, dans la haine, la rancune et l'orgueil, jusqu’à aujourd’hui.

    Mais peu à peu, le venin de l’Amour et le poison de la Beauté gagnent du terrain, pas à pas.

    Plutôt qu’une guerre, comme nous savons si bien faire, qu’une invasion, comme nous les préméditons savamment, c’est une danse, un apprivoisement, un lent mûrissement.

    L’Esprit qui voit et aime sans limites nous apprend à voir et à aimer ce que nous sommes, ce qu’il a fait de nous, sans honte.

    Nous sommes la matérialisation d'un Amour sans limites. Et la matérialité nous semble être une souillure.

    Il nous est difficile d'accepter l'incarnation, mais par défi, beaucoup s'y vautrent, pensant ainsi pouvoir souiller l'Amour qui nous a donné l'existence. 

    La honte est l’Ennemi. Honte de ce que je suis, de ma forme, de mes tourments, honte de mes limites, bien sûr, face à l’Amour illimité.

    Comment épouser et contenir une telle Beauté, un tel Amour, alors que je sens que je pue, que je suis pauvre et sale, et fatigué de toutes les batailles, de tous les échecs, fatigué du pouvoir, ce misérable pouvoir, que ma parole n’est jamais claire et désarmée, que mon regard blesse et discrimine, comment être digne de cette insoutenable pureté ?

    Pourtant, ce qui est demandé, ce n’est pas d’être pur et sans tache, c’est seulement – et c’est immense – d’avoir confiance, et d’accepter ce que nous sommes. D’aimer l’instrument et l’œuvre que nous sommes.

    De ne plus nous voir avec la honte de l’être limité, mais avec les yeux de l’Être sans limite qui nous a pensés, aimés, et créés.

    Et qui avec une infinie patience, attend et nous propose d’accepter qu’enfin, en nous Il puisse rencontrer l’Ami qu’Il espère, Celui qu'Il est en Nous.

     


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  • Le secret de l’Art secret, le voici : ce n’est pas tant la matière, qu’il faut changer, transmuter, que le regard qu’on porte sur elle.

     

    Le regard ne change que quand le cœur est changé. Le cœur est le curseur.

     

    Permettez-moi de vous rappeler ce vieux conte du chercheur de vérité qui s’était enfermé dans la tombe d’une grotte oubliée. Après sept ans de méditation, lui vint une puissante lumière, qui lui montra l’évidence du monde.

     

    Alors, sachant tout d’une invincible certitude, il rejeta sa solitude, et sortit au dehors. Il jeta un regard lucide et glacé sur les arbres qui bordaient son refuge, et les arbres séchèrent. Ses yeux impitoyables effeuillèrent les fleurs, et les fleurs séchèrent.

     

    Son regard tomba sur les villages des hommes, où tous moururent sous le scalpel, le laser de son point de vue.

     

    Qui, dans son imperfection, aurait pu soutenir ce parfait argument qu’est la quête de la parfaite beauté ?

     

    Partout où allaient ses yeux, la terre se transformait en désert.

     

    Stupéfait, consterné par cet épouvantable résultat, l’homme pur revint tête basse à son antre et s’y enferma de nouveau.

     

    Sept ans plus tard, un parfum l’éveilla. Ça sentait le printemps. Un chant d’oiseau entra par une fissure.

     

    L’ermite secoua son corps figé, étira ses membres amaigris, repoussa la pierre qui obturait son refuge et sortit au soleil naissant.

     

    Tout avait changé. Tout ce qu’effleurait son regard se couvrait de bourgeons. Dans les ravines asséchées, l’eau se mettait à sourdre, gonflant peu à peu les ruisseaux qui imbibaient les plaines. Où il portait ses pas, gonflaient de même les seins et les ventres des femmes, et s’emplissait l’écuelle des errants.

     

    Alors il sut qu’il avait atteint la vérité du monde, car cette vérité emplissait son cœur aussi.

     

    Car une vérité qui dessèche et tue et n’emplit pas n’est que l’ombre de cette vérité. Car la vérité vit et respire.

     

    Le vrai nom de la vérité n’est pas perfection, mais amour. L’amour est beauté parfaite. Cette parfaite beauté est la somme amoureuse de toutes les imperfections. Car la perfection est glacée et stérile.

     

    Voici l’art véritable de l’alchimiste qui, à défaut de changer le plomb en or, sait changer la seule chose qui vaille : sa façon de voir le monde.

     

    En cet instant, je sais ceci : nous voyons exactement ce que nous sommes en mesure de voir.

     

    Si nous ne voyons que la gangue, c’est que nos yeux ne supporteraient pas l’éclat du diamant.

     

    Je suis devenu parfois capable de voir le monde et les hommes éclatants de beauté. Aucun mot du trésor de mots dont je dispose ne peut suffire à décrire la grâce parfois entraperçue.

     

    L’adversaire, l’ennemi, qui peut-être est l’ami véritable qui ne dévoile que peu à peu la lumière afin qu’elle ne nous brûle pas les yeux, l’ennemi qui nous traîne dans la boue et nous tire vers le bas, afin que peut-être, épuisés, nous nous laissions aspirer librement vers le haut, cet adversaire ne nous dit peut-être que la vérité véritable, sous couvert du mensonge que nous lui imputons : la beauté qui jaillit soudain, quand le regard est enfin juste, du diamant sous la gangue, cette beauté première, qui jaillit de la nature tout entière, c’est notre vraie nature.

     

    Elle est là, vivante, palpitante, irradiante ; je l’ai vue dans certains yeux, certains gestes, « des fruits, des feuilles et des branches », entendue dans les rires, les mots et les sourires, le chant des cloches et le tango du vent, j’ai goûté au fruit défendu, enfin libre des défenses dont je l’hérissais moi-même : tu n’es pas digne, va t’en.

     

    Je me suis rendu à cet instant digne de voir partout éclater la beauté, comme un vieil hidalgo transformé a su voir la beauté royale de Dulcinée.

     

    Mais c’est aussi parce que parfois la beauté se montre, que les êtres se hissent jusqu’à paraître dévoilés, dénudés, épurés, jusqu’à l’essence.

     

    Ainsi chaque être, chaque chose, chacune, chacun, parviennent à être exactement celle, celui qu’ils sont, et rien de plus, rien d’autre, ni rien de moins.


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  • Très peu de vidéos de ce gars là, qui chante magnifiquement Debronckart.

    Alors je me rabats sur ce lien audio :

    http://www.musicme.com/#/Jacques-Debronckart/albums/Chante-Debronckart-3307518166028.html


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  • Du 16 novembre 2010:

    001.JPG

     

    La langue anglaise a une supériorité sur la nôtre, I am.

     

    Nous, français, disons : je marche, j’attends, je mange. L’anglais dit : je suis marchant, attendant, mangeant.

     

    Je suis, image tremblotante de Je Suis. C’est immuable. Le reste est une péripétie.

     

    Je n’écris pas ce texte en écoutant de la musique, tout en remarquant que mes mains sentent le chien. Non.

     

    Je Suis. Écrivant. Je Suis. Écoutant. Je Suis. Sentant.

     

    Encore une discussion de la nuit. La suite, en gros, c’était : lorsque Je suis, pas besoin de savoir ou de pouvoir. Le savant, le mage, le sorcier dont le regard volontaire et rapace a aperçu un bout du réel cherchent à en tirer une application. Des machines à laver, à tuer, à rencontrer les sous esprits du bas astral ou les morts, afin d’obtenir une satisfaction quelconque.

     

    C’est du domaine de l’avoir. A-voir, ne pas voir (d’après Emmanuel Monin).

     

    Être, c’est le contraire absolu. Absolu, ai-je écrit. Tant qu’on garde quoi que ce soit en main, le moindre désir d’avoir : reconnaissance, amour, pouvoir, argent, Être est impossible.

     

    Car Être n’est pas de notre ressort. Être est toujours là, mais les murailles du désir d’avoir nous le cachent.

     

    Quiconque cherche le pouvoir, Être le fuit.

     

    Soudain, Être est là, présent. Je suis, écrivant, lisant, aimant, mangeant, buvant, riant.

     

    Être n’est pas lié, et peut s’évanouir subitement. Être n’est pas à moi. Être n’est pas avoir. Absolument pas. Absolue liberté. Aucune cage, aucun mot pour le retenir ou l’exposer.

     

    Plus je Suis, et plus le monde le ressent, sans qu’aucun pouvoir entre en jeu. En Je.

     

    Aucune mort ne peut atteindre Je Suis. Aucun espoir non plus, puisque Je suis, éternellement.

     

    Je Suis est une flamme qui allume toutes les mèches alentour. Sans savoir, sans pouvoir.

     

    Je Suis n’est pas moi.

     

     

    PS du 15/05/2014 : tout va bien, je suis simplement en mouvement à l'intérieur comme à l'extérieur. Je remplis ma fonction sociale, je mange et bois, un peu trop, et laisse s'accomplir un processus en moi.


    Pas facile, et probablement pas utile d'écrire. C'est pourquoi je ressors des textes du passé, toujours présents, comme celui-ci, toujours actuels, agissants, et dégotte des musiques hors de l'ordinaire, en attendant que se termine la mue.

     

    J'embrasse celles et ceux qui lisent ces pages.


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  • Publié le 26 mai 2010

    Tout sert à l'Oeuvre

     

    Tout sert à l'oeuvre

     

    J’ai regardé le week-end dernier les films de George Combe qui met en images le Voyage alchimique de Bruxelles à Saint Jacques de Compostelle, en compagnie de Patrick Burensteinas. Le passage par le Mont Saint-Michel m’a fait songer à une sculpture que j’ai vu il y a bien longtemps dans ce cloître, et dont je n’ai malheureusement pas de photo : une tête de diable marqué d’une croix au front. La lecture en est limpide : même le « diable », les démons, esprits de la nature, de la pesanteur, de l’obscurité, tout ce que nous considérons avec crainte et méfiance comme des forces d’opposition, tout et même cela agit sous la protection et la bénédiction divine. Tout participe de l’œuvre.

     

    Ca m’a aussi rappelé ce texte de Mouravieff (Gnôsis, tome 2) :

     

    « Il est réconfortant de constater que l’humanité est poussée vers cet élargissement de la conscience collective, vers l’unité, par les progrès de la technique. Nous avons déjà indiqué que cette unité du monde qui se réalise sous nos yeux ne résulte pas d’efforts consciemment dirigés vers ce but. Elle apparaît, pourrait-on dire, comme un sous-produit de l’activité déployée par l’homme lorsqu’il poursuit empiriquement ce but mal défini : le Progrès. Par ce terme on entend très généralement le Progrès matériel. L’homme y consacre un labeur acharné et y applique presque toutes les forces de son intelligence. L’instruction publique est essentiellement dirigée vers la poursuite de cette fin et les orientations politiques, la rationalisation de l’économie sous toutes ses formes, l’organisation des forces armées, ont pour but immédiat le profit et le confort. Mais – et l’on pourrait voir là un aspect de la douce ironie divine – l’homme forge ainsi, sans en être conscient, la substance à partir de laquelle doit s’édifier le monde nouveau (c'est-à-dire le monde du Saint-Esprit, note de VJ) »

     

    Clairement, tout ce que l’homme croit faire dans un but de profit ramène à l’Unité. Difficile à avaler, j’en conviens, mais les atrocités commises pour le profit de quelques uns font partie de l’œuvre.

     

    Prenons l’exemple des énergies fossiles : depuis la Révolution industrielle débutée en Angleterre il y a 3 siècles, l’humanité a jeté dans l’atmosphère une quantité inimaginable de matières inflammables qui font ressembler, en accéléré, cette dépense insensée à une véritable explosion qui a souillé tant la surface de la terre que le psychisme humain.

     

    On pourrait comparer ce phénomène à une extériorisation de contenus psychiques refoulés, qui lorsqu’ils se déroulent, génèrent une crise douloureuse sur le coup, mais le plus souvent bienfaisante à terme.

     

    On pourrait concevoir, dans le fil de l’hypothèse Gaïa, que l’homme a contribué au défoulement de la terre, faisant jaillir des énergies noires à la surface. Et pourtant son but n’était que de s’enrichir. Les industriels anglais régnaient sur des millions d’esclaves d’une absolue et inconcevable misère, tels qu’a pu les décrire par exemple Jack London, et souillaient la nature de crassiers et de fumées toxiques, mais ce faisant, peut-être facilitaient-ils le retour de la Terre à une meilleure santé.

     

    Les actuelles exactions de BP dans le golfe du Mexique sont abominables, sans conteste, au sens que l'apocalypse de saint Jean donne aux "abominations". Mais pourquoi la Terre permet-elle à l'homme de la souiller de la sorte, alors que l'humanité pourrait utiliser d'autres énergies non polluantes ? Qui sait le but que poursuit réellement la Terre ? Qui sait si le défoulement ainsi réalisé par l'aveuglement et la cupidité n'est pas ce qu'elle recherche ? Si cette cupidité n'a pas été suscitée par Gaïa pour ce résultat : expulser de son sein les matières noires qui l'oppressent, les rejeter vers le Soleil afin qu'il les purifie ?

     

    Après ce désastre, la vie reviendra, continuera, s'organisera selon d'autres modèles. Un monde meurt, un monde naît.

     

    La tâche de l'homme serait la spiritualisation de la matière. On le voit le plus souvent comme une oeuvre de lumière, qui serait réservée aux saints. Mais qui sait si c'est la seule voie ?  

     

    Vu de l’extérieur, et à l’échelle humaine, on peut en douter, car la souffrance des éléments est nettement perceptible, comme celle des autres règnes du vivant. Mais à l’échelle cosmique ?

     

    Les énergies fossiles sont les restes refoulés de cataclysmes qui ont pu laisser une empreinte douloureuse dans le psychisme de Gaïa. Qui sait ? Et qui peut dire que c’est impossible ? Qui est candidat pour s’inscrire à la prestigieuse collection de zététistes qui se sont esclaffés au cours des siècles devant toute idée nouvelle, disant : Ridicule, impossible ?

     

    Faire voler un plus lourd que l’air ? Impossible. Transmettre des images ? Ridicule. L’alchimie ? Des fous. La télépathie, la survie de l’âme ? Charlatans.

     

    En attendant qu’un nouveau professeur Challenger en apporte la preuve, je suis enclin à penser, comme Sir Arthur Conan Doyle, ou James Lovelock que tout est vivant, et relié. Tout est Un, je le vois de plus en plus clairement. Et dans ce Un, tout sert, même ce qui nous fait horreur.


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  • Publié le 27 octobre 2010

    Je rêvassais au coin du feu. Une bougie sur la table irradiait un halo d'une vingtaine de centimètres, une sphère parfaite, scintillante, dont l'intérieur était bleu nuit, et le cercle extérieur des couleurs successives et un peu mêlées de l'arc-en-ciel. De la flamme claire et mouvante, partaient de grands rayons de lumière blanche qui traversaient très nettement cette bulle.

     

    De l'autre côté du poêle, peut-être qu'elle s'était endormie en écoutant Bela Fleck jouer Bach au banjo. Non. Elle se redressa, et dit:

     

    - En regardant cette bougie, vois-tu, je viens d'avoir la certitude que nous ne sommes jamais seuls, que nous sommes toujours reliés, que l'Esprit ne nous abandonne jamais.

    - Mieux : je crois qu'il fait le voyage avec nous, répondis-je, qu'il descend de plus en plus profond.

     

    Plongeur jpg[1]


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