• United prostates

    Je vous jure, c'est pas la peine d'avoir marié une ancienne infirmière... Mme VJ ne sait pas vraiment (pas du tout peut-être) ce qu'est ni à quoi sert la prostate.

    Ce qui ne l'empêche pas, lisant Néo-Santé ou Alternative Bien Être de m'asséner d'un ton docte qu'il est dangereux et inutile de se faire enlever ce truc donc j'ignore tout.

    Sauf que j'en ai entendu parler comme du diable depuis tout môme. La prostate par ci, la prostate par là.

    Oh rage oh désespoir, oh prostate ennemie...

    Même mon popa qu'il a eu un concert de la prostate, mais il est pas mort de ça, je l'affirme. Non, il est mort de lassitude, un peu dégoûté de cette planète et surtout des zumains qui s'y agitent, désespéré à sa façon. Mais avant, les toubibs  l'ont bombardé genre Hiroshima au carré pour prétendument le soigner de ce putain de concert qu'il a joué en solo. S'ils ne l'ont pas guéri, au moins, ils l'ont transformé en une sorte de masse jaunâtre arrondie et suintante, sans cils, sourcils ni cheveux, telle une méduse échouée.

    Mon popa, lui, malgré ses rodomontades, c'était un impuissant. Pas sexuellement, non, ma présence et celle de mes sœurs associées à la roide morale de ma moman en témoignent. Mais pour le reste, oui.

    Il ne faisait rien, mais vraiment rien de ses deux délicates mains blanches. Il demandait du secours pour tout, et dépendait toujours de quelqu'un pour tout ce qui avait trait à la matière. Incapable de se servir d'un marteau ou d'un thermomètre, ou de donner le biberon. 

    J'exagère : pour ce qui était d'ouvrir les huitres qu'il adorait, ou les très excellentes bouteilles extraites - sans les secouer, hein ! de sa profonde cave, c'était un champion. Mais pour le reste, zéro. L'amant table.

    S'est parfois fait berner et forcer la main par d'assez vilains bonzommes. Savait pas dire non.

    Quand je l'ai vu sur son lit d'hôpital, comme une bougie de cire d'abeille en train de couler même éteinte, bien que lui et moi on ait eu un peu de mal à se causer de notre vivant, ça m'a un peu vrillé le dedans, et pour pas pleurer, je l'ai engueulé, oui.

    A 80 et des berges, se faire manipuler comme ça pour une prostate que même Mme VJ ne sait pas à quoi ça sert, incroyable. Mais bon, il avait sûrement ses raisons à lui. Peut-être pas vouloir laisser ma moman qui lui tenait la main depuis si longtemps, qui sait ?

    Mais bon, tu quittes un mec normal, blanc, rose, bleu ou même violet par zones, avec les deux jambes de la même longueur, et une semaine après le bombardement, tu trouves un bout de saindoux en train de finir de s'égoutter, suintant, pelé, qui appelle au secours par tous les orifices, dont la bouche indistincte qui peine à prononcer des mots simples, ça peut dégouter d'avoir hérité d'une prostate et surtout d'en refiler l'entretien à la médecine certifiée et sûre d'elle.

    Là, je rejoins Mme VJ.

    Plus tard, je suis retourné voir ce qui restait de mon géniteur. Il m'a dit que les toubibs venaient de lui proposer de durer encore indéfiniment moyennant quelques minuscules holocaustes nucléaires aux frais des contribuables, et qu'il leur avait opposé ce mot magique qu'il a eu du mal à prononcer sa vie durant : NON.  Il leur a dit : donnez-moi ce qu'il faut pour ne pas souffrir, mais laissez-moi crever.

    Ce qu'ils ont fait. Soyez remerciés, messieurs, de ne pas vous être acharnés contre sa vraie volonté.

    Pour une fois, je lui ai dit : bravo, mon popa. T'es un homme, maintenant, un vrai. Je suis fier de toi. Ça vrille aussi un peu les organes, ça ferait piouner* un dinosaure, ce genre de choses.

    Bon, cette prostate ? J'en sais pas plus. Il y a des jours où je pisse toutes les trente secondes, deux gouttes sur le bout des godasses, puis le lendemain, je fais des concours avec l'âne et le chien, et c'est moi qui gagne. Bon OK, je suis le seul à pisser debout, mais quand même.

    Tout n'est pas perdu.

    Mais je suis d'accord avec Mme VJ, si ça se dégradait, je vais pas laisser la médecine hérissée de bombardiers et de scalpels intervenir sur mon corps si vulnérable et qui aime tant l'amour, le vin et les caresses.

    Déjà que les propositions de mammographies, de pénigraphies, de rectographies et autres examens de caca je fous tout ça à la poubelle dès réception, je risque pas de me laisser amputer d'une glande dont j'ignore tout.

    Déjà que môme, on m'a extrait l'appendice, que je lis aujourd'hui que c'était une bêtise incommensurable, je ne sais plus pourquoi (j'ai toujours été d'une indifférence totale à tout ce qui concerne le fonctionnement du corps, des moteurs, des astres, imperméable aux mathématiques, à la physique, à la chimie, donc ces histoires de glandes m'échappent complètement).

    Ce que je ressens, sans l'expliciter ni même chercher à l'expliciter, c'est qu'il y a ici des gonzes qui font tout un pataquès du fait de mourir, qui me semble à moi parfaitement naturel, et même indispensable quand on ambitionne d'être muté, comme moi, des mecs qui voudraient ne pas crever et cherchent à convaincre les autres que mourir est affreux, infect, injuste, abominable, et passent leur temps à essayer de repousser la limite pour profiter de je ne sais quoi qui m'échappe et m'indiffère totalement.

    Moi, prostate, concert, richesse, profit, voitures, foie gras, gonzesses, ce qui brille, dualité et tout le fourbi, je m'en moque. Pire : je vote contre.

    J'ai envie de vivre et d'être en bonne santé, et je fais tout pour, tant que le ballotage naturel m'est favorable.

    Mais j'ai aussi envie de mourir, et de mourir bien, en parfaite santé, c'est-à-dire en parfaite cohérence entre l'abandon et le détachement affectueux, aimant et reconnaissant de ce que m'a généreusement donné la sphère corporelle d'une part, et l'entrée progressive et joyeuse dans cet autre monde dont j'attends, de plus en plus consciemment, l'avènement depuis que la cigogne m'a laissé tomber.

    * piouner, en patois bourbonnais, c'est chialer.  








  • Commentaires

    1
    Ned
    Dimanche 30 Mars 2014 à 11:16

    BRAVO !

    La seule médecine UTILE est la médecine d'URGENCE celle des URGENCES à l'hôpital ...quand il y a assez de personnel et de places faute de budget parce que elle ne rapporte pas aux labos sur le long terme ! (confessions d'un visiteur médical ) .

    Bien souvent "se confier" aux mains du chirurgien, ou de "SON" oncologue, c'est risquer d'échanger quelques minutes d'inconfort journalier contre des mois de souffrances permanentes en échange d'une amélioration conditionnelle future. ( surtout lisez bien les petites lignes du document que vous fera signer sa secrétaire, (débordée entre deux appels téléphoniques...)  disant qu'il vous a tout bien expliqué ... rapidement ! frown arf

    2
    Yog
    Lundi 31 Mars 2014 à 10:09

    La prostate étant très proche du côlon, ses problèmes sont souvent liés à un encrassement du côlon. Il faut donc commencer par nettoyer son côlon, avec des irrigations coloniques ou des lavements, ainsi que le balai intestinal et le psyllium.

    Il est également conseillé de faire des compresses à l’huile de ricin + bouillotte sur la zone de la prostate, afin d’accélérer la remise en circulation des toxines à ce niveau-là.

    Y'a pu ka!

    3
    Elena
    Lundi 31 Mars 2014 à 10:41

    VJ,

    Ce doit être ça parler vrai... je suis d'accord avec tous les sujets que cela touche en profondeur.

    De plus tu es contestablement l'inconnu incontournable en matière d'humour et d'humus. Te lisant cela m'a donné le fou rire et en plus après ça la peur de la mort s'est dissoute, momentanément. Elle doit être cachée, elle va sous doute revenir ;)

    Ned,

    Pour l'utilité des urgences, je pense que cela mérite d'être rétablie . Je parle pour moi, puisque la confiance que j'ai dans le corps médical à considérablement diminué au point que je me méfie de tous les traitements y compris des plus simples. En dehors des urgences je ne sais pas vraiment quelles sont les procédures qui permettent d'informer et de questionner l'avis du patient dans le cas de l'ablation d'un organe où d'un traitement de type "bombardier" étant donné  les effets secondaires au sein du corps. Dans le cas des urgences, le problème reste entier il me semble. Leur faire confiance à défaut ...

     

    4
    Elena
    Lundi 31 Mars 2014 à 10:54

    @ Yog

    Le lien prostate fonctionne, les liens proposés, irrigation, lavements...m'intéressent mais ne sont pas actifs sarcastic

    Je n'ai pas de problème avec la prostate que je sache mais avec le colon semble-t-il.

    Bises au passage :)

     

     

    5
    Elena
    Lundi 31 Mars 2014 à 10:58

    @ Yog,

    T'embête pas j'ai trouvé avec le moteur de recherche, ben oui, fallait y penser ! ;)

     

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    6
    elba
    Lundi 31 Mars 2014 à 14:21

    Tout comme Mme VJ, j'ignore à quoi sert ce truc, et grâce à Dieu (il a bien fait son boulot sur ce coup-là) je n'en possède pas... ^^


    Mon papa à moi il a eu ce crabe aussi. Il avait 33 ans... Séances de "cobalt" c'était ce qui se faisait à l'époque. Il a bien été malade... longtemps... avec des petites périodes de mieux entrecoupées de séjours à l'hôpital. Puis cinq ans après, il est parti pour toujours. Lorsque j'avais 10-11 ans, il me disait que bientôt il serait dans une boîte. Je sais qu'il a beaucoup souffert moralement aussi : 38 ans, c'est pas vraiment un âge où l'on souhaite mourir, surtout si l'on a quatre jeunes enfants.


    Son frère est parti presque de la même façon : même diagnostic. Mais il n'a pas voulu se faire soigner. Il n'a fait qu'un court séjour à l'hôpital, juste avant de mourir, mais il est mort chez lui, entouré de sa femme et de ses enfants... avec sa musique préférée en bruit de fond. Un peu plus vieux toutefois : 60 ans. Il a souffert moins longtemps.


    Vous avez remué quelques souvenirs en moi, VJ, avec cette prostate.


    Vous savez quoi ? : en voyant le titre j'avoue honteusement que je pensais que vous vouliez parler des "Pro-States", ce qui n'est pas du tout du tout pareil !! - tout ça,  à  cause du mot "United"... - sarcastic)


    Prenez soin de vous. ♥


                                                                                                       

    7
    Yog
    Lundi 31 Mars 2014 à 16:08

    Une posture aidante:

    Cordonnier – Baddha Konasana

     

    Également appelé posture de l’angle de bassin lié .

    Posture de l'angle du bassin lié Baddha_KonasanaExécution

    1 - A partir de la position assise, les jambes allongées devant vous, pliez les genoux, ramenez les talons le plus près possible du pubis et joignez les plantes des pieds. Croisez ensuite les doigts autour des orteils.

    2 - Inspirez et posez lentement et progressivement les genoux sur le sol. Gardez la tête et le dos droits. Toute la partie supérieure de votre corps doit être maintenue droite. Les yeux peuvent être fermés ou ouverts

    3 - Détendez votre visage et votre mâchoire. Relâchez tous vos muscles. fermez les yeux et concentrez-vous sur votre respiration ou faites toute autre méditation . Gardez cette posture aussi longtemps que vous vous sentirez confortable.

    4 - Inspirez, levez lentement les genoux, et allongez les jambes pour retrouver votre position initiale

    Effets Bénéfiques

    - Renforce le haut du corps
    – Favorise un meilleur fonctionnement des ovaires, de la prostate, de la vessie et des des reins
    – Stimule le cœur et améliore la circulation générale
    – Assouplit et renforce les muscles de l’intérieur des cuisses, de l’aine, et des genoux
    – Favorise la relaxation et aide à combattre la fatigue.
    – Recommandée fortement aux femmes enceintes car elle rendrait l’accouchement moins pénible.

    Contre-indications et précautions

    - blessure aux genoux, aux hanches, aux bras ou aux épaules
    – Maux de dos

    8
    Lundi 31 Mars 2014 à 16:55

    Merci à vous.

    C'est la société qui est malade (Julos Beaucarne) :

    https://www.youtube.com/watch?v=sghdhJBUe3s

    Malade à crever...

    Mais on peut tous guérir, et guérir la société puisque la société, c'est nous. Nous seuls.

    9
    Elena
    Lundi 31 Mars 2014 à 21:38

    VJ, je vous souhaite de guérir , les conseils de Yog peut-être vous y aideront, pas pratiques certes mais pas impossible.

    Très beau texte, merci .

    10
    Mardi 1er Avril 2014 à 07:00

    Je précise quand même que moi, à ma connaissance, je suis en bonne santé (enfin, relativement, comme tout le monde).

    11
    Elena
    Mardi 1er Avril 2014 à 09:15

    Bonjour,

     

    Vous êtes amusant VJ, avec vous l'on (je) ne sait(s) jamais sur quel pied danser, de toute évidence il conviendra de poser les pas nécessaires à la compréhension du sujet.

    Il me semble que la santé telle qu'il me semble lire à travers vos écrits est d'une autre nature. Lorsque cette nature n'est pas favorable, au regard des limites corporelles, l'instinct de vie ne s'oppose pas au ce passage de la mort. Si c'est cela votre "définition" de la santé, je ne pense pas qu'elle soit relative à "comme tout le monde". Les urgences ne seraient plus les urgences et le temps de guérir nous serait donné en héritage (c'est d'ailleurs probablement le cas). Mais peut-être que le" ballotage" (pour reprendre cette expression précisément) est de ne plus savoir trouver  la position qui fait le moins souffrir entre je (vous) cite "... abandon et détachement affectueux..." . Et dans ce cas la mort est une constante de la guérison qui ne doit pas être écartée, le cas échéant. Et c'est peut-être là où vous avez raison,  ce cas échéant à tout le monde.

     

    Merci à vous .

     

     

    12
    Mardi 1er Avril 2014 à 20:56

    Répondre aux commentaires est pour moi un exercice vraiment difficile. J'aurais été désastreux dans l'art de la conversation, qui consiste à échanger des points de vue. Car, comme je l'ai dit souvent, je ne pense pas les textes :comme Athéna ils naissent presque prêts. D'ailleurs, les personnes qui me connaissent physiquement le savent : je ne suis jamais aussi convaincant que tard le soir, lorsque soudain la parole vient et s'installe.

    Le lendemain, ou le surlendemain, même si les mots sont les mêmes, ils n'ont plus la même force, la même énergie, ils sont creux.

    C'est peut-être la raison pour laquelle les balbutiements de mes commentaires n'apportent que peu de précisions aux textes.

    Cela dit, pour être complet, je fais deux constats quand je relis des textes oubliés : le premier, c'est que souvent, je trouve ça plutôt pas mal (chaussettes XXL), le second, c'est que ça aurait besoin d'être travaillé et travaillé, et que tout est publié trop vite.

    Mais si j'attendais que ce soit parfait, je gommerais tout, j'effacerai tout, et je ne dirais jamais rien.

    Ce qui est un stade auquel je n'ai pas encore atteint, même si j'y tends de toutes mes forces.

    Bises à vous tou(te)s.

     

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