• Explorez !

    EXPLOREZ-UN NOUVEAU MONDE !

    Explorez !

    Telle est la nouvelle injonction de nos maîtres. C'est le printemps. Les affiches fleurissent dans tout le centre de la France. L'énergie bouillonne. Il faut la canaliser.

    Le peuple doit trouver des exutoires.

    Il calme ses pulsions sauvages devant des films monstrueux et pervers, dont le moindre ferait s'évanouir de terreur nos ancêtres. Il sait tout sur tout.

    Abreuvé à longueur d'année, sur son canapé, des mystères dévoilés de la nature, puisque la plus infime bestiole est filmée jusque dans sa défécation et ses accouplements par des chaînes spécialisées, que reste-t-il à lui proposer ?

    Fin connaisseur de la nature humaine par le biais des polars et des magazines de psychologie, au fait de tout ce que la science veut bien lui dévoiler des secrets de la matière, fatigué des films de cul - on a beau s'échiner à inventer toutes sortes de variantes et de combinaisons, c'est quand même répétitif -  et trop fauché pour le restaurant en famille, l'homme s'ennuie.

    C'est bien embêtant.

    Certains songent. S'absentent. Rentreraient en eux-mêmes si on n'y prenait garde. On n'a pas abattu les religions et les centres des Mystères et construit une immense muraille pour laisser s'installer de nouvelles fissures.

    Alors voilà, c'est simple. Jules Verne y a mis la première main : Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune, Mille lieues au fond des mers, c'est captivant.

    Captivant. Au sens propre. On a enfermé des générations d'enfants dans de merveilleux décors de carton-pâte,  des ciels peints sur la voûte, des êtres fantastiques aux pouvoirs étonnants, des monstres écumants, de belles princesses, des rebelles magnifiques et des salauds inconcevables.

    Aujourd'hui, la planète est hérissée d'antennes mais aussi couvertes de parcs de loisirs. L'oisiveté n'est plus grosse de tous les vices, elle est l'occasion de s'emplir de vent et de sottises préfabriquées. Du sur-mesure.

    En Auvergne, à Vulcania, on peut jouer à se faire peur, tout en apprenant. Quoi ? Rien. Mais ça passe le temps.

    Les églises fermées ou souillées, vides ou visitées à la hâte après (ou pendant) le hamburger, le peuple a quand même besoin d'un peu de ce frisson qui saisissait ses aïeux aux tripes, et le laissait sans voix.

    Le Christ étant hors d'usage après qu'un artiste talentueux l'ait trempé dans la pisse et que les femen s'en soient servi comme d'un sextoy, le Dalaï Lama pas mal fripé après 40 ans de bons et loyaux services, restent les indiens d'Amérique du Nord, réputés pour leur sagesse et leur air mystérieux, et les prêtresses vaudou, capables de te transformer n'importe qui en hamster ou en gremlin. Les gens connaissent ces personnages familiers  qu'ils ont vu au cinéma. Les enfants adorent.

    Le temps d'épousseter le mot "Sacré", avec la majuscule, s'il vous plaît, et voici l'homme en plein mystère. On le confortera dans l'idée que la nature est très puissante, que nos ancêtres en avaient peur, avec raison, mais que nous, enfin, pas eux le populo canalisé, contrôlé à l'aller et contrôlé au retour, mais Eux, nos Maîtres ont entre leurs mains le pouvoir des Dieux. 

    Explorez !

    Prends-ça, petit homme, et carre-toi le profond, pour ne pas l'oublier : tes Maîtres sont investis d'une puissance redoutable, presqu'inconcevable. Tu n'as nulle part où aller, nulle part où oublier qu'ils t'observent et te filment pendant que tu défèques ou que tu t'accouples.

    Il n'y a d'autre Dieu que ces dieux tout-puissants.

    C'est ainsi que les foules hypnotisées, extraites règlementairement et provisoirement des bureaux et des dortoirs, de leurs cantonnements où on les abreuve d'injonctions chôment le septième jour, pare-chocs contre pare-chocs sous l'œil glacé des troupes armées, pour aller se prosterner devant les idoles.

    Coca Light pour communion, amendes et tickets d'entrée en guise de quête, franglais en place du latin, au fond rien n'a changé depuis mon enfance.

    Le troupeau va où on l'envoie, suivant les balises GPS, broute le foin qu'on lui distribue et s'estime content si c'est le mec qui venait de le doubler qui s'en est pris une.

    Il y a pourtant d'autres chemins, d'autres montagnes, et d'autres gouffres à explorer. De vraies montagnes, de vrais sentiers, de vrais abîmes, de véritables profondeurs à sonder, des monstres à débusquer, à reconnaître, puis à connaître, des cieux où voler, des mondes à découvrir et des alliances à nouer. Car nous ne sommes pas seuls. Jamais. 

    C'est en dedans, que ça se passe. C'est exactement à l'opposé de ce que l'on nous propose, auquel il suffit de tourner le dos. C'est exactement là que les issues sont barrées. Sur la porte des coulisses du théâtre, comme dans "les sept boules de Cristal", qu'on devrait lire et relire sous toutes ses coutures est plaqué un panneau : Entrée interdite.

    Alors que Haddock est aveuglé par ses passions animales primitives, Tintin l'enfonce. Suivons-le.

    La connaissance est interdite et réputée dangereuse. La connaissance ? Il n'y en a qu'une. La connaissance intérieure, ou, autrement dit, l'inventaire intégral et patient de chaque pièce du robot.

    Quand tout sera connu, plus rien ni personne n'aura de pouvoir sur QUI JE SUIS, qui s'y trouve enfermé, avec une drôle de ménagerie.

    Pendant que les foules courent et s'agglomèrent, faites comme Tintin : explorez les voies secrètes.

    Ce n'est pas le seul chemin qui reste, c'est, ça a toujours été et ça restera le seul chemin possible.

     





  • Commentaires

    1
    Anne
    Mercredi 26 Mars 2014 à 08:57

    La connaissance intérieure, ou, autrement dit, l'inventaire intégral et patient de chaque pièce du robot.

    Il a une infinité de pièces celui là. Et quand on en démonte une pour la regarder mieux, elle se décompose et l'on se retrouve avec mille autres éclats...c'est magique, mais on s'y perd parfois.

    C'est pas un robot mais un puzzle d'ailleurs dont les morceaux sont multiformes et quand on les repose leur image se métamorphose: y'a de quoi sourire parce que ces pièces là n'ont pas vraiment d'histoire, ou alors elles les contiennent toutes, je ne sais pas...oui, on s'y perd parfois. A ce moment là, on cherche partout la notice...elle n'est jamais circonscrite. 

    Merci pour vos mots ce matin.

    2
    Benoit
    Mercredi 26 Mars 2014 à 11:04

    Tandis que je m’apprête à pousser les portes de mon demi-siècle, après avoir arpenté multitude de corridors intérieurs, parfois révélés ou découverts inopinément, j'en viens presque à me lasser !


    L' êtreté m'indiffère presque. Mon corps, ce vaisseau dans lequel j'interagis avec ce monde me semble devenir une sorte de carcan électro-chimique aux propriétés certes vastes, mais dont les révélations conduisent presque toutes à l'extérieur, interactions d'astres entres eux.


    Microcosme et macrocosme réunis, mais interdiction de circulation libre de l'un à l'autre, il semble que je doives faire mon "usage", mon temps ...


    La conscience semble un piège, une simple marche, un passage obligé pour les intelligences curieuses... Les somnambules ne sont ils pas enviables puisque promis à la même finalité sans se prendre la tête avec des aspects altruistes, ésotériques qui in fine, ressemblent plus à des charges qu'à des outils en ce lieu et instant de l'histoire humaine.


    Explorer dis tu Vieux Jade ? Pourquoi se presser, nous avons l'éternité pour le faire ! Résumer ou tenter de le faire, la co-naissance de la dualité en soi, saisir en ce présent la liberté de création et d'orientation ressemble certes à l'apprentissage de la parole par un bambin, qui ensuite découvrira le pouvoir des mots et l'usage qu'il peut en faire... Mais qu'est-ce face à une multitude d'illettrés ? Le silence dans sa totalité.


    Bon, je m'en vais observer la fourmilière dans mon jardin ... 

    3
    Ned
    Mercredi 26 Mars 2014 à 11:31

    Explorer et faire les liens ( pas en créer !)

    Hier au soir une amie de 30 ans m'appelle :pour nous inviter à manger .

    Je sors de chez l'ophtamo et l'homéopathe, J'ai une réaction allergique sur le cou à mon nouveau lait corporel Bio et aussi une perte de vision suite à l'opération il y a un mois de mon oeil gauche ...

    Ah bon ! Et qu'as tu fait de spécial la semaine passée ?

     

    Oh bien je suis allée à Paris pour une histoire de procès avec un locataire que je ne veux pas voir et qui me prends à la gorge ! ! ! 

    Je suis allé au Palais de justice à pied et avec la pollution j'avais les yeux qui pleuraient ...

    Je l'ai aidé à faire des liens ... Elle à 82 ans !!!

    *********

    Un extrait d'une réflexion de Daniel Meurois

    Je ne suis pas de ceux qui prétendent, à l’instar de certains ¨prévisionnistes¨ mondiaux, que notre espèce trouvera bien le moyen de se débrouiller, de se réorganiser puis de repartir ¨comme avant¨ aidée par de nouveaux progrès technologiques. Ce n’est pas la technique qui nous sortira de notre impasse mais l’expression du cœur humain, son ¨Amour-Intelligence¨.
    Je suis de ceux qui disent haut et fort qu’il ne faut surtout pas que cela continue ¨comme avant¨ car seule une refonte de toutes nos valeurs peut nous faire sortir de notre hypnose et de notre ornière.
    Voilà pourquoi désobéir autant qu’on le peut à nos réflexes de consommateurs, de gaspilleurs, à nos habitudes d’assujettissement aveugle aux pouvoirs abusifs politiques et religieux, aux lois perverses et au Principe de la Peur me paraît être aujourd’hui un devoir de conscience impérieux.

    http://www.2012un-nouveau-paradigme.com/article-que-faut-il-faire-une-chronique-de-daniel-meurois-123102699.html

    4
    Mercredi 26 Mars 2014 à 20:48

    @ Anne : il y a bien un robot programmé pour fonctionner sans conscience, une vie durant. C'est quand on s'en distancie qu'on commence à se connaître, au moins par la négative : je ne suis pas cela.

    @ Mathieu : le parcours est fatigant, c'est comme le labyrinthe, souvent ce qu'on croit toucher s'évanouit, et le chemin qui semble bien tracé devient incompréhensible. Je ne dis pas de se presser, bien que l'une des cases dangereuses du Jeu de l'Oie soit l'Hôtellerie, où on se repose. Je dis de continuer à chercher à l'intérieur ce qui n'est pas dans les faux-semblants extérieurs, faits sciemment pour nous perdre.

    @ Ned : tout à fait d'accord avec DMG. Thoreau avait déjà intitulé l'un des ses traités : Désobéir.  

    5
    elba
    Jeudi 27 Mars 2014 à 12:29

    On nous fabrique du loisir pour que nous n'ayons plus l'instinct de réfléchir (oui, je suis certaine que réfléchir faisait partie de nos instincts initialement sinon nous ne serions pas là wink2)... et ça marche ! ... mais quand les conditions sociales seront encore plus dures qu'aujourd'hui, hein ? Peut-être alors que les gens s'assagiront et qu'ils trouveront d'autres "loisirs"... moins factices, plus près de la Vie. J'ai de la chance sur ce coup-là, je fais un peu d'agoraphobie... et puis je préfère découvrir par moi-même des petits coins un peu oubliés.

    Je n'irai jamais en Thaïlande... Tout du moins pas volontairement pour y faire du tourisme : une année, au moins quatre personnes que je connais y sont partis en voyage organisé... J'ai vu successivement et quatre fois les mêmes photos ! Ca lasse, à la longue !

    J'aimerais mieux observer la fourmilière de Benoit (et dire qu'il y a des tarés, sous prétexte d'art, qui balancent dans des fourmilières de l'aluminium en fusion, pour ensuite déterrer ledit alu une fois refroidi, et exposer cela, ou le vendre à prix d'or ! Grrr !)

    Ned, merci beaucoup pour Daniel Meurois. Il a raison : "Ce n’est pas la technique qui nous sortira de notre impasse mais l’expression du cœur humain, son ¨Amour-Intelligence¨. J'aime les gens qui disent et redisent ceci. Désobéir à nos réflexes de gaspilleurs." ça aussi c'est important.

    Joli jour à vous tous. ♥ ♫♪♫   ☼

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