• Aïe âme

    Du 16 novembre 2010:

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    La langue anglaise a une supériorité sur la nôtre, I am.

     

    Nous, français, disons : je marche, j’attends, je mange. L’anglais dit : je suis marchant, attendant, mangeant.

     

    Je suis, image tremblotante de Je Suis. C’est immuable. Le reste est une péripétie.

     

    Je n’écris pas ce texte en écoutant de la musique, tout en remarquant que mes mains sentent le chien. Non.

     

    Je Suis. Écrivant. Je Suis. Écoutant. Je Suis. Sentant.

     

    Encore une discussion de la nuit. La suite, en gros, c’était : lorsque Je suis, pas besoin de savoir ou de pouvoir. Le savant, le mage, le sorcier dont le regard volontaire et rapace a aperçu un bout du réel cherchent à en tirer une application. Des machines à laver, à tuer, à rencontrer les sous esprits du bas astral ou les morts, afin d’obtenir une satisfaction quelconque.

     

    C’est du domaine de l’avoir. A-voir, ne pas voir (d’après Emmanuel Monin).

     

    Être, c’est le contraire absolu. Absolu, ai-je écrit. Tant qu’on garde quoi que ce soit en main, le moindre désir d’avoir : reconnaissance, amour, pouvoir, argent, Être est impossible.

     

    Car Être n’est pas de notre ressort. Être est toujours là, mais les murailles du désir d’avoir nous le cachent.

     

    Quiconque cherche le pouvoir, Être le fuit.

     

    Soudain, Être est là, présent. Je suis, écrivant, lisant, aimant, mangeant, buvant, riant.

     

    Être n’est pas lié, et peut s’évanouir subitement. Être n’est pas à moi. Être n’est pas avoir. Absolument pas. Absolue liberté. Aucune cage, aucun mot pour le retenir ou l’exposer.

     

    Plus je Suis, et plus le monde le ressent, sans qu’aucun pouvoir entre en jeu. En Je.

     

    Aucune mort ne peut atteindre Je Suis. Aucun espoir non plus, puisque Je suis, éternellement.

     

    Je Suis est une flamme qui allume toutes les mèches alentour. Sans savoir, sans pouvoir.

     

    Je Suis n’est pas moi.

     

     

    PS du 15/05/2014 : tout va bien, je suis simplement en mouvement à l'intérieur comme à l'extérieur. Je remplis ma fonction sociale, je mange et bois, un peu trop, et laisse s'accomplir un processus en moi.


    Pas facile, et probablement pas utile d'écrire. C'est pourquoi je ressors des textes du passé, toujours présents, comme celui-ci, toujours actuels, agissants, et dégotte des musiques hors de l'ordinaire, en attendant que se termine la mue.

     

    J'embrasse celles et ceux qui lisent ces pages.


  • Commentaires

    1
    Elena
    Jeudi 15 Mai 2014 à 08:35

    suis touchée, en "Je suis", territoire inconnu et néanmoins présent ce matin,

    un beau cadeau ce texte VJ, merci.

     

    2
    Anne
    Jeudi 15 Mai 2014 à 10:34

    Je vous suis, je nous suis, je les suis...et mon regard embrasse les traces que font les mots sur les pixels. Ca monte et ça descend, c'est tournant, toujours dansant, mais les mots heureusement sont immobiles: j'imagine, s'ils bougeaient comme des fous sur les lignes, ce serait vraiment difficile ! Là, je les attrape sur les lignes, parce qu'ils sont immobiles.

    Merci VJ, vos mots dansent pour nous et ça fait des rayons de soleil !

    Bonne journée à tous

    3
    danielleg
    Jeudi 15 Mai 2014 à 17:54

    Eh bien moi aussi, je vous embrasse Jade ! :)

    Et vous tous aussi ! :)

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