Dans ce rêve, j'étais assis sur une terrasse de maison, sous une tonnelle, avec mon copain M., et sa femme (qui dans la vie n'est pas sa femme, il s'en passe des drôles dans les rêves). Il avait un peu la tête de Jung. Nous sirotions un vin noir au bord du chemin de terre qui montait.
Un tracteur s'arrêta. Son chauffeur descendit, nous expliqua qu'il allait labourer une terre qu'il avait là-haut, sur la montagne.
Mais ce sont des pierres, des landes, dis-je. Il s'obstinait. Ce sont mes terres, c'est à moi. Ce sont les terres des Dieux, des esprits, répondais-je. On ne laboure pas la montagne. Mais il voulait à tout prix que ça produise, que ça crache de la rentabilité.
Labourez la plaine, dis-je. C'est de la montagne descendue pour nous. Envoyez les chèvres là-haut, c'est leur place, mais ne labourez pas le domaine des Dieux.
Bien sûr, pensais-je plus tard, au réveil, que la montagne produit. Elle s'écoule et donne les riches alluvions de la vallée, choses visibles.
Elle est aussi l'espace de liberté, le dernier lieu sauvage, la sauvegarde du reste.
La montagne est le monde des causes. Ne labourez pas les causes, laissez-les déterminer le monde des effets. Travaillez la terre, pas le roc.
Mais l'avidité n'a pas de bornes. Manipuler les causes comme le font les sorciers modernes est un rêve de fous.
Ce monde sombrera totalement, il n'en restera rien à l'instant même où le dernier centimètre carré aura été réduit à l'usage profane.
Il basculera et redeviendra une fois encore vierge.
Initialement paru le 7 janvier 2012
Pour l'Humain la montagne, c'est la TÊTE, et surtout ce qu'elle produit comme "pensées" (plus ou moins justes certes !).
Les manipulations insidieuses auxquelles nous sommes confrontés (ou soumis c'est selon chacun) rabotent les sommets et font sombrer le meilleur des hauteurs vers les fleuves de boue qui emmènent tout vers la mer qui n'en peut déjà plus !
Ou faut-il choisir de vivre ?
Garder le haut et la TÊTE haute !